
Nationalité : Nigéria, Grande-Bretagne
Genre : Drame
Durée : 1h 34min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Akinola Davies
Acteurs principaux : Sope Dirisu
My Father’s Shadow est un récit semi-autobiographique se déroulant sur une seule journée dans la mégalopole nigériane, Lagos, pendant la crise électorale de 1993. Un père tente de guider ses deux jeunes fils à travers l’immense ville alors que des troubles politiques menacent.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
21 mai 2025
Deux enfants dans une maison de brousse. Ils jouent, cuisinent et mangent seuls. L’un fredonne « Cher père, je te verrai dans mes rêves ». Le père apparaît, il a perdu sa montre... Dans quel temps se situe donc cette scène ? Caméra à hauteur d’enfant le plus souvent, "My fathers’s shadow" baigne dans une atmosphère mystérieuse et poétique. Le rythme est lent mais c’est un film riche sur lequel il y a beaucoup à dire !
Père éternellement absent, Fola offre alors à ses enfants de les emmener à Lagos. Une journée pas comme les autres ! La caméra livre une folle succession d’images de cette ville survoltée et délabrée. Une visite insolite au cours de laquelle ils croiseront des véhicules transportant des militaires menaçants, se retrouveront dans un parc d’attraction abandonné et, sur la plage, découvriront un tanker échoué, apprenant au passage que la mer est salée…
Fola est en fait venu pour récupérer rien moins que 6 mois de salaire. Mais il faut encore attendre, et ce temps perdu est une grâce. Il va permettre aux enfants de découvrir le père qu’il est vraiment. Le film réserve ses plus beaux moments aux échanges qu’ils auront sur la famille. Le plus jeune lui reproche son absence, « Oui c’est dur de vivre au Nigéria ». Fola livrera des confidences émouvantes.
20 mai 2025
Nigeria, l’annulation des élections présidentielles du 12 Juin 1993 rompt les aspirations du peuple à un avenir plus juste, plus libre et radieux. Le climat est insurrectionnel : c’est dans ce contexte que ce père de famille, souvent absent - à la rhétorique bien construite et aux idées généreuses - rend visite à sa famille.
Nous comprenons que ce déplacement est furtif et suscite la plainte des enfants. De ce fait, ce "shadow’s papa" décide - en l’absence de la maman et sans l’avertir - de les emmener avec lui à son rendez-vous à Lagos en vue de récupérer sa paye : rien, bien sûr, ne se passe comme prévu.
Le scénario, écrit par Wale Davies, frère du réalisateur, est linéaire, cohérent et bien construit. Les dialogues sont directs, accessibles et sans affectation. L’acteur principal (Sope Dirisu) crève l’écran, au propre, par l’utilisation des gros plans et au figuré, tant son jeu est puissant et juste. Les émotions passent et le réalisateur, Akinola Davies Jr, semble prendre partie dans cette situation politico-sociale conflictuelle, en créant une tension dramatique par l’utilisation de prises de vues stéréoscopiques et la projection d’images de dégradations, moisissures et délabrements.
C’est un opus qui fera plus que de parler seulement aux Nigérians, il parlera aux Africains et à tous les peuples désirant se construire sur les valeurs familiales et démocratiques.