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Love Me Tender

Un Certain Regard
Love Me Tender

Nationalité : France
Genre : Drame
Durée : 2h14
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Anna Cazenave Cambet
Acteurs principaux : Vicky Krieps, Antoine Reinartz, Monia Chokri

Une fin d’été, Clémence annonce à son ex-mari qu’elle a des histoires d’amour avec des femmes. Sa vie bascule lorsqu’il lui retire la garde de son fils. Clémence va devoir lutter pour rester mère, femme, libre. Adaptation de l’ouvrage éponyme de Constance Debré.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le film est l’adaptation du livre autobiographique et éponyme de Constance Debré, paru en en 2020 et couronné du Prix des Inrockuptibles. On retrouve d’ailleurs en voix off de nombreux extraits du texte à l’écriture rageuse et concise qui rythment la narration et nous amènent au plus intime de l’histoire, celle de la narratrice. Ici, appelée Clémence Delcourt, elle est interprétée par une Vicky Krieps d’une sobriété de jeu et d’une justesse bouleversantes. La situation présentée a de quoi nous toucher. On y voit une mère, certes singulière, car écrivaine et homosexuelle, mais aimante, être privée du droit de voir son fils et déployer toute son énergie pour tenter de renouer ce lien…
La caméra agile et inspirée d’Anna Cazeneuve Cambet dont c’est le deuxième long métrage (après De l’or pour les chiens en 2020) nous offre de très beaux plans qu’elle filme de près ou de loin. Le casting parfait, la tendresse et la retenue de la réalisatrice qui refuse, comme son interprète, de jouer sur le pathos, rend le film encore plus émouvant. Même si la durée du film (2h17) peut sembler un peu trop longue, le rythme ne faiblit jamais, et la fin mélancolique et résignée achève de nous mettre la larme à l’œil.


Changement de société : changement de paradigme.
Au siècle dernier, la sexualité des individus était de l’ordre de l’intimité : ce qui se passait dans la chambre à coucher ne regardait que les protagonistes. Ainsi le mode familial, sociétal, était immuable relié à la nature : le mâle fécondera la femelle dans le sens naturaliste du terme : alors ils vécurent heureux et eurent nombre d’enfants, élevés par papa et maman.
Depuis, les temps ont changé et la sexualité est devenue, par sa variabilité, un marqueur social. Le genre... A tort ou à raison ?
Notre regard ne sera pas binaire car l’émotion de la mère qui affiche son homosexualité, revendiquera une certaine forme de liberté et ainsi, perdra le lien avec son fils, nous touche infiniment. Pour autant elle est la victime d’une société qui n’a pas encore, sur le plan juridique et social, intégré cette nouvelle donne. Car cette maman aimante se trouve d’une part, stigmatisée par sa sexualité et d’autre part, vilipendée par son mari qui s’appuie sur la norme sociale, toujours en vigueur. Les écrits du roman dont est issu ce scénario nous sont de temps à autre proposés en voix "off" : elle a des relents de celle de Marguerite Duras.
Qu’en aurait-elle pensé ? Se pose la question du renoncement ?


Comme son titre l’indique, ce film parle d’amour, tous les amours. L’amour entre deux êtres, homme ou femme, l’amour filial, l’amour physique mais surtout, par-dessus tout, l’amour maternel.
Au début du film on admire l’organisation sereine de ce couple en train de se séparer. Puis, à cause de la déclaration de l’homosexualité de Clémence, la manipulation et la mauvaise foi de son mari font de cette séparation un enfer dont l’enfant est un enjeu jusqu’à ce que la maman ne voie plus son fils pendant un an et demi malgré une bataille juridique éprouvante. Elle se réfugie dans des relations féminines, vaines et éphémères. Elle revoit plus régulièrement son père et leur relation évolue vers une bienveillance presque complice. Et enfin l’amour ultime, celui du renoncement, pour la paix et l’équilibre de chacun en espérant qu’un jour son fils revienne vers elle.
Est-ce une défaite face à son mari ou une victoire pour elle ?