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La Petite Dernière

Compétition
La Petite Dernière

Nationalité : France, Allemagne
Genre : Drame
Durée : 1h 46min
Date de sortie : 1 octobre 2025
Réalisateur : Hafsia Herzi
Acteurs principaux : Nadia Melliti, Ji-Min Park, Louis Memmi

Fatima, 17 ans, est la petite dernière. Elle vit en banlieue avec ses sœurs, dans une famille joyeuse et aimante. Bonne élève, elle intègre une fac de philosophie à Paris et découvre un tout nouveau monde. Alors que débute sa vie de jeune femme, elle s’émancipe de sa famille et ses traditions. Fatima se met alors à questionner son identité. Comment concilier sa foi avec ses désirs naissants ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film, le troisième de Hafsia Herzi, après "Tu mérites un amour" (2019) et "Bonne mère" (2021), adapte le livre éponyme et autobiographique de Fatima Daas (Noir sur blanc 2020), récit d’émancipation ou de coming-out comme on dit aujourd’hui, d’une jeune fille de 18 ans, lycéenne, puis étudiante en philo, banlieusarde, musulmane et… lesbienne.
Sur un sujet aussi risqué, Hafsia Herzi évite tous les écueils : la simplification à outrance, le propos pédagogique, les clichés (et oui, on peut être musulmane et aimer jouer au foot, on peut être « des quartiers » et grandir dans une famille qui pousse ses filles à faire des études, etc.) et le traite avec retenue, recul et délicatesse. Mettant en scène une héroïne droite et pas pleurnicharde, qui affronte ses peurs, sa honte, ses chagrins et ses questionnements. Pour l’incarner à l’écran, elle a fait l’excellentissime choix de Nadia Melliti, bouleversante et d’une justesse parfaite.
La scène pénultième avec la mère, toute d’amour et de bienveillance, tire des larmes et signe le message de « tolérance et d’inclusion » du film, selon l’expression de Hafsia Herzi elle-même.


C’est bien sûr, Fatima, 17 ans, benjamine de cette famille d’immigrés algériens, portée par la jeune néo-comédienne révélée : Nadia MELLITI, dirigée par Hafsia HERZI dans son quatrième film.
Fatima habite les quartiers populaires : elle a trois soeurs, elle est pratiquante musulmane, fréquente ses « potes » du lycée et du quartier. Elle vient d’obtenir son Bac, ce qui rend fière sa mère. Elle est aussi un peu « garçon manqué ». Elle se cherche et se questionne comme tous les adolescents de cet âge, alors qu’elle s’inscrit en fac, section philosophie où elle se frotte à des comportements différents de son milieu.
La nouveauté dans ce film -dont le thème a déjà été traité à de nombreuses reprises- est dans la confrontation antinomique entre la mystique religieuse, son dogme, ses règles et la réalisation de soi, c’est à dire la liberté de se construire suivant ses critères et ses aspirations, suivant ses propres valeurs.
L’auteure nous engage dans la conversion expérimentale de Fatima qui découvre de nouvelles valeurs, telles que l’orientation sexuelle et le libre arbitre. De ce fait elle nous dépeint les affres de sa conscience entre les valeurs de l’Islam, l’éducation patriarcale transmise (par la mère plutôt que par un père peu présent).
En conséquence de quoi, la souffrance d’aller à l’encontre de l’amour maternel semble plus forte que la défiance des valeurs portées par la religion musulmane, c’est du moins l’interprétation et le questionnement que je soumets à votre sagacité.


S’accepter est déjà chose difficile quand on a 18 ans, mais accepter toutes ses facettes l’est encore davantage. C’est le cas de Fatima qui en fait la douloureuse expérience. Comment concilier sa foi musulmane, le poids des traditions, et son attirance pour les femmes alors que c’est proscrit par sa religion ? Elle doit aussi trouver les nouveaux codes de la vie estudiantine de la fac alors qu’elle vient d’un lycée de banlieue. Au comble de ses questionnements, elle se réfugie dans la prière et la chaleur familiale mais cela ne règle pas son problème, loin de là. Elle se cherche, elle se trouve, elle se perd dans des rencontres d’un soir jusqu’au jour où l’amour se présente à elle. Les cours de philosophie lui ouvrent les yeux sur l’émancipation selon La Boétie, ce qui va l’aider à s’assumer telle quelle est. Tiré d’un livre autobiographique, le film est soutenu par l’actrice Nadia Melliti dont le regard exprime magnifiquement les sentiments de l’auteure, avec ses doutes et ses espoirs. Qui n’en a pas eu ?