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La Femme la plus riche du Monde

Hors Compétition
La Femme la plus riche du Monde

Nationalité : France, Belgique
Genre : Comédie dramatique
Durée : 1h45
Date de sortie : 29 octobre 2025
Réalisateur : Thierry Klifa
Acteurs principaux : Isabelle Huppert, Marina Foïs, Laurent Lafitte

La femme la plus riche du monde : sa beauté, son intelligence, son pouvoir. Un écrivain photographe : son ambition, son insolence, sa folie. Le coup de foudre qui les emporte. Une héritière méfiante qui se bat pour être aimée. Un majordome aux aguets qui en sait plus qu’il ne dit. Des secrets de famille. Des donations astronomiques. Une guerre où tous les coups sont permis.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La famille de la femme la plus riche du monde, Marianne, est très triste. Cette dernière vit dans un décor de musée où l’on sent des tensions froides entre chaque membre de la maisonnée. Lorsqu’un peintre écrivain surgit dans cet univers, la couleur éclate : fantaisie, folie, vulgarité aussi : les limites sont souvent dépassées ! Et cela fait beaucoup rire Marianne qui sort ainsi de la morosité ambiante.
Mais lorsque l’on vit si loin des contingences matérielles, l’argent n’a plus la même valeur et peut être distribué sans modération : bien sûr à ce peintre qui a toujours besoin de plus d’atelier, d’investissement etc. mais aussi à son petit fils à qui elle donne un million pour sa bar mitsva ! Comment alors transmettre des biens quand il n’y a pas d’affection ? L’argent ne peut pas remplacer ce manque ressenti par sa fille de façon aigüe, aggravé par les largesse de sa mère envers autrui.
Lorsque l’Histoire s’en mêle et que l’on découvre que le pouvoir est construit sur des zones d’ombre du passé, remué avec délectation par le peintre qui assure ainsi son emprise, la crise n’est pas loin et chacun réagit avec ses convictions ou ses intérêts.
Le rôle du majordome qui observe, se tait et informe (à bon escient ?) nous fait découvrir un personnage qui, finalement, devient un point central. Froideur, joie (dignité malgré les humiliations diverses) sont soulignés par les gros plans, dont celui de la fille en manque d’affection.


Présenté hors compétition à Cannes, « La femme la plus riche du monde » offre un récit à la fois extravagant, drôle et profondément humain, librement inspiré de l’affaire Bettencourt. Isabelle Huppert incarne Marianne Farrère, immense fortune figée dans une solitude dorée, qu’un photographe fantasque et intrusif, Fantin, vient bouleverser.
Le film interroge subtilement : peut-on être heureuse quand on possède tout, sauf l’essentiel ? Marianne, enfermée dans sa tour d’ivoire, retrouve peu à peu goût à la vie, à la lumière, à l’amitié — vraie ou fausse, on ne saura jamais. Les performances sont magistrales : Huppert impressionne dans sa fragilité contenue, Lafitte explose dans un rôle d’escroc flamboyant, insolent, souvent odieux… mais aussi délicieusement drôle. Leur duo provoque autant de rires que d’émotions. Entre satire sociale, comédie grinçante et mélodrame touchant, Klifa signe un film féministe, baroque et émouvant.
Ce n’est pas seulement l’histoire d’une femme riche : c’est celle d’une femme qui, au contact d’un autre, se remet à exister. Et en plus, on rit. Alors oui, ce film mérite d’être vu.


Il a été écrit beaucoup de commentaires sur l’affaire Bettencourt, suffisamment pour que le cinéma trouve l’intérêt de s’en emparer. Patronymes changés, le principal des déboires familiaux d’une des plus grande fortune de France est conservé.
Pour le spectateur, curieux de voir comment le réalisateur pouvait exhumer des informations inédites sur cette bataille familiale hautement médiatisée, il faut donc regarder ailleurs, du côté du jeu des personnages principaux. Et là, c’est la bonne surprise : comme chez Laurent Laffite, alias le photographe Pierre-Alain Fantin, paternaliste et à la recherche de plaisirs frivoles. Il excelle en soupirant malicieux et obséquieux d’une Isabelle Huppert, sublimée dans l’image de l’aristocrate « fille de… ». On y trouve aussi le fidèle majordome Jérôme -sans doute bien plus idéalisé que dans la réalité, qui reste une pièce maîtresse de l’affaire scénarisée, allant jusqu’à enfreindre l’éthique dû à sa position.
L’emprise progressive du photographe ne manque pas de piquant mais, en accentuant la fadeur de la fille par qui tout le scandale arrive, nous nous interrongeons la pertinence du choix de Marina Foïs.
Bref, on passe un bon moment, amusé devant ces problèmes de nantis donnés en pâture aux spectateurs.
La fortune se transmet. Mais trop souvent les adjectifs riche et fortuné se trouvent confondus.