
Nationalité : France, Danemark
Genre : Drame
Durée : 1h45
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Stéphane Demoustier
Acteurs principaux : Claes Bang, Sidse Babett Knudsen, Michel Fau
1983, François Mitterrand décide de lancer un concours d’architecture international pour le projet phare de sa présidence : la Grande Arche de la Défense, dans l’axe du Louvre et de l’Arc de Triomphe ! A la surprise générale, Otto von Spreckelsen, architecte danois, remporte le concours. Du jour au lendemain, cet homme de 53 ans, inconnu en France, débarque à Paris où il est propulsé à la tête de ce chantier pharaonique. Et si l’architecte entend bâtir la Grande Arche telle qu’il l’a imaginée, ses idées vont très vite se heurter à la complexité du réel et aux aléas de la politique.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
21 mai 2025
Stéphane Demoustier après Borgo, magnifique portrait d’une femme tiraillée par des pulsions contraires (gardienne de prison attirée par le monde du grand banditisme) dresse le portrait d’un homme aux convictions bien établies.
Aujourd’hui bien oubliée, la Grande Arche devait être le dernier volet des projets pharaoniques de la République.
Le réalisateur suit le parcours de ce modeste architecte qui se retrouve à la tête d’un gigantesque chantier.
Toute l’ambiguïté du film de Stéphane Demoustier est de ne pas prendre parti : faut il abjurer ses convictions quitte à perdre son âme ? Ou bien refuser de renier son projet, donc l’abandonner et retomber dans l’oubli...
De belles scènes nous montrent les relations tumultueuses et sincères, entre cet homme que l’histoire contemporaine a oublié, et ceux qui travaillent avec lui.
Ce film pourra-t-il nous faire redécouvrir ce créateur inconnu ?
18 mai 2025
« Vos petites stratégies et vos calculs ne m’intéressent pas : je suis architecte. » déclare l’enseignant danois Otto von Spreckelsen lorsqu’il remporte en 1983, grâce au caractère novateur et audacieux de son projet, le concours initié par les pouvoirs publics français pour le futur CICOM.
Nous sommes sous l’ère du Président socialiste François Mitterrand. Après la Pyramide du Louvre, la Grande Arche est sans aucun doute le plus pharaonique des grands travaux mitterrandiens.
Les français appellent l’arche. L’architecte, personnage méconnu, parle de cube. Le président socialiste est ravi, ses adversaires contrariés, les conseillers de l’Élysée fatigués et énervés, car cet architecte leur en fait voir de toutes les couleurs.
C’est un film bien rythmé, tragi-comique avec d’excellents comédiens dont un Michel Fau, qui incarne de façon extraordinaire le président Mitterrand. Ce long-métrage est captivant de confrontation entre la passion artistique et le poids des pouvoirs coincés par la raison d’État, les changements politiques et les contraintes économiques.
Si vous allez à Paris, surtout, n’oubliez pas d’aller voir la Grande Arche.
18 mai 2025
Vouloir faire un film sur un inconnu semble une gageure, voire une folie.
Néanmoins Stephane Demoustier réussit à attirer notre attention voire plus, soit générer du plaisir, grâce - non seulement au talent de Claes Bank qui joue l’enseignant et architecte Otto von Speckelsen ainsi que Swann Arlaud jouant l’architecte Paul Andreu - mais aussi, grâce à un scénario bien maitrisé et tout en finesse, bien que linéaire. De plus il remplit le trou de notre méconnaissance sur le concepteur de l’Arche de la Défense et sur cette partie de l’architecture nationale et internationale. Enfin, il comble nos lacunes dans la mise en forme pratique de ce type de projet.
Au delà de l’aspect architectural et historique, le réalisateur fait un parallèle entre la structure de la personnalité de ce créateur et l’innovation radicale, audacieuse de l’Arche.
Il nous conduit, telle la fugue jouée par lui-même à l’orgue dans l’église qu’il a conçue de A à Z au Danemark, par touches répétitives, à assembler les éléments de cette personnalité : intègre, créateur, obstiné, perfectionniste, respectueux des conventions, novateur, obsessionnel.
L’autre pan de cette construction cinématographique est la mise en scène des rapports incestueux entre les grands projets architecturaux, la politique, la technocratie, l’argent, la créativité et la passion artistique, ce qui pourrait ranger ce film dans la case des thrillers politiques.
18 mai 2025
« Je ne m’intéresse pas à vos petites stratégies et calculs ; je suis architecte ». Captivante, fascinante et brillante, c’est la destinée d’un architecte danois inconnu, Johan Otto von Spreckelsen. Dès le début, on ressent une confrontation entre deux univers dépeints par les panoramas : une vue trépidante de Paris précède une vue paisible de la mer danoise ; l’agitation puis le calme et le silence ; la beauté de Paris et l’immensité majestueuse de la mer. Le tempérament de l’architecte est en décalage complet avec celui des autorités françaises. C’est un homme passionné doté d’un ego qui porte son projet avec toute la rigueur et l’intensité de son cœur. C’est l’œuvre de sa vie. Le réalisateur, à travers le format 1.37, évoque la perspective de Spreckelsen sur le monde. C’est un visionnaire qui redoute que les ordinateurs ne conditionnent sa manière de penser. La mise en scène décrit tous les défis auxquels sont confrontés ceux qui œuvrent sur ce projet démesuré, un cube devenu arche où la boue du chantier contraste totalement avec les ors de la République.