
Nationalité : Allemagne
Genre : Drame
Durée : 2h 39min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Mascha Schilinski
Acteurs principaux : Lea Drinda, Luise Heyer, Susanne Wuest
Quatre filles de quatre décennies différentes grandissent ensemble dans une ferme et semblent être liées les unes aux autres.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
16 mai 2025
Mes premières sensations en sortant de la projection étaient le mal être et l’inconfort portés par le fond et l’aridité de la forme.
Pourtant, j’étais collé à mon siège, les mains serrant les accoudoirs, alors quid ?
Sur le plan narratif, la réalisatrice (Mascha Schilinski) nous conte la manière de vivre de quatre familles sur une durée d’un siècle dans la même ferme du Nord-Est de l’Allemagne à travers les yeux de quatre jeunes filles ado et pré-adolescentes.(Alma, Erika, Angelica, Lenka).
Film féministe ? Peut-être pas, mais assurément les thèmes traités (perversion, pensées suicidaires, statut social, conduites incestueuses, fugue, attitudes parentales) nous obligent à considérer que le statut patriarcal en prend un coup !
L’illustration de ces sujets, par des séquences chocs, nous réveille ainsi que la rare bande son.
L’impression que les problématiques de ces quatre familles sont semblables et se répondent, nous porte à penser que ce que nous voyons à l’écran est contemporain de nos propres vies, non dans les faits mais dans notre imaginaire vital. Les liens familiaux sont passés au crible ainsi que la recherche d’identité de ces jeunes filles et de leurs destins pas toujours « rose ».
Oui, ce film, par ses qualités artistiques, philosophiques et sociales a une véritable portée humaniste qui le rend exigeant, fascinant et attractif.
17 mai 2025
La peur de la mort c’est une, pour ne pas dire "la" grande peur de l’être humain. La peur de l’inconnu qui échappe à notre contrôle est l’une des choses qui peut nous faire prendre des mauvaises décisions, comme par exemple répéter les mêmes shémas auto-destructifs d’une génération à l’autre.
Notre passé nous définit-il ? Est-ce que l’on peut -si l’on veut- s’en échapper ? Ce film essaye de démontrer l’idée d’être rattrapé de génération en génération par une voie autodestructive de laquelle nous pouvons, mais ne voulons pas sortir.
L’innocence mêlée à l’inconscience permet à ce film de jouer avec l’espace, le temps et le son, lui assurant ainsi de devenir une vraie oeuvre audiovisuelle. Le son et l’image trouvent la liberté que ses personnages ne connaissent pas mais, qu’en même temps, ils ne sont pas prêts à vivre. Une amour rempli de sacrifices et de déceptions se transforme en un moyen de libération pour ceux qui ne sont pas prêt à lutter mais à s’échapper.
17 mai 2025
Pour un premier film, c’est un véritable premier choc.
Dés la première séquence nous pensons au film Le ruban blanc de Michael Haneke, qui obtint la palme d’or en 2009 et par la suite à La zone d’intérêt de Jonathan Glazer.
Avec ce film, le temps s’étire sur quatre générations de jeunes femmes dont les existences semblent mystérieusement liées. Nous sommes ainsi projetés, d’un monde ancien à des périodes marquées par le changement des costumes, la modernisation des lieux, l’arrivée de l’électricité ou encore le téléphone portable.
Dans Sound of falling, œuvre puissante, mystérieuse et complexe, nous pénétrons dans des souffrances, des douleurs qui se transmettent de génération en génération comme une malédiction et où des événements se répondent les uns les autres et permettent la compréhension de l’histoire. Entrecroisant donc plusieurs époques différentes et plusieurs destins, nous observons l’annonce d’une catastrophe et d’une chute.
Avec une esthétique naturaliste, des reconstitutions minutieuses de chaque époque, nous sommes fortement impressionnés par cette fresque monumentale, tant au niveau politique, social et familial. Sound of falling est une œuvre stupéfiante de maîtrise.
16 mai 2025
Voilà un film singulier, déroutant, de ceux qui séparent les spectateurs entre les admirateurs et celles et ceux qui « n’entrent pas dedans » et qui lui reprocheront l’absence de scenario construit, la narration éclatée, et sans doute la durée (2 H. 29). Les autres se laisseront embarquer avec enthousiasme dans cette œuvre d’une liberté, d’une originalité et d’une puissance confondantes.
Le film tourné en un mois (ce qui semble une vraie gageure) raconte en narrations entrecroisées et en multipliant les sauts temporels les histoires, durant une centaine d’années, de plusieurs filles d’une même famille dont on repère surtout Alma la blondinette aux nattes, puis Angelika la rebelle… dans un lieu unique : une grande ferme du nord de l’Allemagne.
Les voix off qui se succèdent sont presque toutes féminines. Les hommes, à l’exception de Fritz le frère mutilé (pour ne pas partir à l’armée ?) et d’un cousin amoureux transi, sont tous prédateurs et violents. Le film met en avant la lucidité du regard enfantin sur des questions éternelles : la mort et la fascination/répulsion qu’elle exerce, le sexe, la brutalité des rapports intra-familiaux. La bande son, très travaillée, attise l’angoisse qui sourd par moments de séquences difficilement oubliables.