
Nationalité : Inde, France
Genre : Drame
Durée : 1h 59min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Neeraj Ghaywan
Acteurs principaux : Ishaan Khatter, Vishal Jethwa, Janhvi Kapoor
Deux amis d’enfance d’un petit village du nord de l’Inde courent après un poste de policier. Mais à mesure qu’ils se rapprochent de leur rêve, le désespoir grandissant menace le lien qui les unit.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
24 mai 2025
« Homebound » signifie « confiné à la maison ». Sans doute faut-il comprendre cela dans un sens symbolique, de par la ségrégation imposée aux intouchables et aux musulmans. Elle est synonyme de pauvreté : les familles de Shandan et Shoaib tirent le diable par la queue, l’une pour construire une maison, l’autre pour offrir une prothèse au père.
Dans une veine de cinéma réaliste, Homebound offre le tableau sans concession d’une société conservatrice, inégalitaire, débordée de toutes parts : des trains surchargés – on retiendra une étonnante scène de foule en gare ; un délai de 18 mois pour dépouiller les résultats d’un concours de police ; une gestion du Covid désastreuse pour les personnes défavorisées...
Le scénario s’attache aux espoirs et déboires que vivent ces deux jeunes, attachants et attentifs aux leurs. Le premier est brillant mais pourra-t-il continuer ses études et ne pas décevoir son amie Sudha ? Le second est un commercial talentueux mais supportera-t-il longtemps le racisme des cadres de son entreprise ? C’est une histoire sensible, valorisée par de belles images, qui prend de l’ampleur sur deux heures qu’on ne voit guère passer, excepté la finale un peu longue et pathétique. Une ode à l’amitié au-delà des différences de castes et de religions.
22 mai 2025
Il n’est pas indispensable, pour comprendre ce film, de savoir que l’hindouisme (80% de la population) en Inde, divise la société en quatre classes, plus les parias bien que ce système a été politiquement supprimé dans les années 1950. Néanmoins cette précision peut servir à comprendre le dilemme des protagonistes et la dramaturgie. Là nous approchons deux jeunes hommes musulmans, soit moins de 15% de la population, Ishaan Khatter alias Shoaib et Vishal Jethwa pour Chandan) amis depuis toujours. Ils devisent sur leur avenir, lestés de deux handicaps : musulmans donc et appartenant aux classes inférieures. Ils essaieront d’échapper à leur condition.
Le film parle d’amitié, d’injustice, de la place des parents et dénonce la persistance des us et coutumes dans le fonctionnement social, politique, religieux et technocratique. La tension est palpable, la charge émotionnelle forte. Les acteurs semblent totalement immergés dans ces rôles respectifs, leur conférant ainsi une véritable authenticité. La narration, faite à partir d’un fait réel dramatique, est très enrichie par l’expérience filmique du réalisateur indien, déjà connu de Cannes : Neeraj Ghaywan.