
Nationalité : Italie, France
Genre : Biopic
Durée : 1h55
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Mario Martone
Acteurs principaux : Valeria Golino, Matilda De Angelis, Elodie
Rome. Années 80. Goliarda Sapienza travaille depuis 10 ans sur ce qui sera son chef-d’œuvre "L’Art de la joie". Mais son manuscrit est rejeté par toutes les maisons d’édition. Désespérée, Sapienza commet un vol qui lui coûte sa réputation et sa position sociale. Incarcérée dans la plus grande prison pour femmes d’Italie, elle va y rencontrer voleuses, junkies, prostituées mais aussi des politiques. Après sa libération, elle continue à rencontrer ces femmes et développe avec l’une d’entre elle une relation qui lui redonnera le désir de vivre et d’écrire.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
21 mai 2025
Fuori, fuori, fuori ! c’est ce que scandent les prisonnières quand l’une d’elles s’étant ouverte les veines a besoin d’être hospitalisée.
Tout le film sera construit sur cette tension entre « dedans » (la prison) et « dehors ». Goliarda Sapienza a fait l’expérience de l’enfermement à la prison de Rebibbia où elle a rencontré Roberta, une jeune junkie qu’elle retrouve à sa libération. Des couloirs de la prison, où les surveillantes la poussent sans ménagement, à son duplex bourgeois, où elle retrouve son mari Angelo, c’est la même femme élégante et désespérée. S’attachant à Roberta comme à sa fille, elle vit avec elle l’ambiguïté d’une relation affectueuse et sensuelle. Roberta, elle, est clairement happée par tous les vertiges : alcool, drogue, sexe jusqu’à l’inceste dont elle rêve comme à l’interdit le plus radical. Goliarda - dont le prénom a été choisi par ses parents pour évoquer la paillardise - n’est pas dans ce désordre et elle gifle Roberta pour lui rappeler que l’immoralité même a ses limites. Car, elle, c’est sa vocation d’écrivain qui l’habite et si elle a volé un collier, c’est juste pour en tirer assez d’argent pour vivre.
En filmant la douceur de Rome, ses places et ses cafés ou l’ambiance particulière de la prison avec ces femmes touchantes de fragilité, Mario Martone rend hommage à cet art de la joie, titre du livre de Goliarda.
22 mai 2025
Voilà une biographie originale et prenante, en hommage à la grande écrivaine et artiste Italienne Goliarda Sapienza. Comme tous les film de ce genre, l’étude la personnalité du sujet en est le point central. Grâce aux choix narratifs, relationnels et à la prise en compte de son univers, le réalisateur est très bien servi par l’actrice principale finement réaliste, authentique et empathique : Valeria Golino.
Le positionnement socio-politique -plutôt libertaire- est également bien mis en valeur par le point de départ de ses parents anarcho-socialistes et de ses fréquentations issues de son incarcération pour vol de bijoux.
La mise en scène nous donne à voir et rend la forme de cet exercice inhabituel et très dynamique ; parfois un peu alourdie par les flashbacks et forwards.
Fuori est le cri poussé en prison pour exprimer la liberté : Goliarda Sapienza le pousse à plusieurs reprises en affirmant, dans son livre chef d’oeuvre publié à titre posthume, L’art de la joie, que cette liberté avait été trouvée paradoxalement dans le milieu carcéral. A méditer !
21 mai 2025
Rome, 1980. Fuori en italien signifie "dehors". Goliarda Sapienza, romancière sans éditeur, ne sait plus si le monde extérieur est ce dehors contrairement à l’univers carcéral. La prison ne serait-elle pas à l’intérieur d’elle-même. En fin de compte, le dehors, ne serait-ce pas la sortie de la vie, le suicide ? Fille d’anarchistes anti-fachistes, Goliarda, à 55 ans et sans emploi, peut sombrer à tout moment. Solitude, désespoir, sentiment d’avoir raté sa vie se lisent dans son regard désenchanté, dans sa dépendance à l’alcool. Pour elle, l’écriture est une drogue. Entre parenthèses, l’actrice plusieurs fois récompensée, Valeria Golino, nous rappelle Françoise Fabian et son fameux sourire. Désargentée, Goliarda vole des bijoux et se retrouve donc en prison. Là, elle y rencontre ses voisines de cellule, ses complices de cœur au grand cœur, et l’amitié amoureuse avec Roberta. Elle admire sa jeunesse, sa liberté et son insouciance, mais déplore sa descente aux enfers. Comment sortir de l’engrenage de la délinquance quand on a grandi dedans ? Inspirée par cette expérience enrichissante, l’auteure, qui a réellement existé, écrira son chef-d’œuvre "L’art de la joie" qui ne sera édité que des années après sa mort....