
Nationalité : France, Belgique, Italie
Genre : Drame
Durée : 1h 42min
Date de sortie : 18 juin 2025
Réalisateur : Laurent Cantet, Robin Campillo
Acteurs principaux : Eloy Pohu, Pierfrancesco Favino, Élodie Bouchez
Enzo, 16 ans, est apprenti maçon à La Ciotat. Pressé par son père qui le voyait faire des études supérieures, le jeune homme cherche à échapper au cadre confortable mais étouffant de la villa familiale. C’est sur les chantiers, au contact de Vlad, un collègue ukrainien, qu’Enzo va entrevoir un nouvel horizon.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
15 mai 2025
En reprenant le dernier projet de film de Laurent Cantet, mort en avril 2024, Robin Campillo donne vie au film que son ami n’a pas eu le temps de tourner.
Enzo fait penser au film de Cantet Ressources humaines. Avec ce nouveau film, c’est l’inverse : un jeune issu d’un milieu bourgeois veut être maçon. Obsédé par le rapport au travail, au concret, il est déclassé dans sa propre famille. Son père pense être bienveillant mais il ne le comprend pas, par contre, sa mère est aimante et attentive.
Jeune garçon énigmatique, Enzo veut se confronter au réel et construire « des murs » qui le mettent à l’abri d’une famille étouffante. Il est dans « un corridor » dans un monde en chaos et en guerre. Bien que marqué par la violence du travail, il voit le chantier comme une utopie où se créent des liens cordiaux entre ouvriers. Pour Enzo, Vlad, un ouvrier ukrainien, à la fois grave et bienveillant, fait figure de père, d’amant rêvé et d’ouverture à un nouvel horizon.
Politique et sensualité, ouverture à l’autre et au désir, sont au cœur de ce beau film. Pour Enzo, l’Ukraine ne serait-il pas un pays où il peut se projeter, un autre ailleurs ?
15 mai 2025
Entre grand enfant et jeune adulte, filmé comme un "beau gosse" qui semble ne trouver sa place nulle part dans sa propre famille, avec ses épaules de nageur toujours entre deux eaux, Enzo est jeune et complètement perdu. Son corps, il le livre sur le chantier dans un travail manuel de maçonnerie. Un chantier vécu comme une utopie, un sanctuaire où il serait protégé et où il aurait moins peur.
Laurent Cantet - décédé juste avant le tournage du film - et Robin Campillo ont repris ici un thème qui leur est cher : celui des classes sociales. L’adolescence nous est livrée comme un moment politique, où se confrontent les milieux sociaux, à travers les orientations et les projections que nous portons sur les jeunes. Enzo, rebelle sous le regard bienveillant et patient de ses parents, casse - ou déclasse - les codes, tandis que son frère est admis à Henri IV ! Avec cette équipe de jeunes ouvriers aux beaux corps bien bâtis, qui manient la truelle et montent les murs, le chantier devient pour lui le lieu où s’éveille sa sensualité. Il va trouver dans la figure de Vlad ouvrier ukrainien un mentor, un père. Et va se confronter au réel, aux images de guerre.
Merci à Robin Campillo d’avoir finalisé ce film tellement émouvant, de passation, de transmission, d’initiation.