
Nationalité : U.S.A.
Genre : Thriller, Western
Durée : 2h25
Date de sortie : 16 juillet 2025
Réalisateur : Ari Aster
Acteurs principaux : Joaquin Phoenix, Pedro Pascal, Luke Grimes
Mai 2020 à Eddington, petite ville du Nouveau Mexique, la confrontation entre le shérif et le maire met le feu aux poudres en montant les habitants les uns contre les autres.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
18 mai 2025
Une petite ville au cœur des Etats-Unis, en plein Covid, au moment de l’affaire George Floyd, jeune noir étouffé par des policiers : « I can’t breathe » est le cadre de ce polar glauque aux allures de western décadent. Ari Aster, particulièrement remonté, dresse un tableau apocalyptique de l’Amérique profonde (le film est tourné en mars 2024) qui fait écho avec l’actualité immédiate du trumpisme. Théories complotistes, racisme structurel, masculinisme exacerbé, agressions sexuelles, populisme, corruption endémique et, disons-le, crétinisme généralisé… tout y passe, dans un trépidant jeu de massacre. Les fake news circulent, les réseaux sociaux en rajoutent et font naître une véritable hystérie de la désinformation. Joachim Phoenix, méconnaissable, déploie une énergie peu commune pour incarner le sheriff du bled, censé maintenir l’ordre (sauf qu’il refuse de porter un masque) et se transforme en mégalomane débridé et asthmatique.
L’image volontairement sombre, la mise à distance de la caméra, la poussière et les décors moches renforcent cette impression d’un monde en décadence où des individus, fous d’ubris, ne voient pas de limites à leur toute-puissance, qu’ils font régner par la violence et les armes à feu. Le rythme ne défaille à aucun moment. On en sort secoué, impressionné et, pour ma part, assez admirative.
21 mai 2025
Ou : qui sème le vent récolte la tempête… Le film est un mélange de genres, à la fois western contemporain (sans cheval), farce, thriller et horreur. Le shérif Joe Cross est en conflit ouvert avec le maire, Ted Garcia, ex-petit ami de sa femme Louise. Il se complait à le défier, à commencer sur le port du masque en période de Covid, jusqu’à annoncer sa candidature aux prochaines élections municipales. A partir de là, la situation commence à déraper, et c’est l’escalade dans la démesure. Le scénario part dans tous les sens. Cela finira très mal pour les deux protagonistes.
Ari Aster, à son habitude, nous surprend avec son film inclassable qui manie humour, dérision, suspense, violence. Sur le plan technique, la mise en scène est excellente. La distribution est également parfaite, (soulignons l’excellente performance de Joaquin Phoenix en shérif sanguin, prompt à dégainer, volontiers provocateur). Emma Stone campe avec brio une Louise dépressive dont le traumatisme s’exprime à travers la création de poupées délirantes. Ce film a le mérite de pointer les névroses de l’Amérique d’aujourd’hui : écologie, racisme, excès sur réseaux sociaux, pédophilie, inceste, jeunesse déboussolée, détention d’armes, violence... sans toutefois délivrer de message clair.
18 mai 2025
Eddington, petite ville tranquille du Nouveau Mexique vit à l’heure du Covid et des théories complotistes. C’est un condensé d’Amérique où s’expriment tous les maux du moment : les "antivax"et les "antifa", car même la jeunesse blanche se révolte contre ses propres privilèges et rejoint le mouvement Black Lives Matter.
Au coeur de l’action, il y a le shérif qui pense que sa communauté rurale est à l’abri de tout cela. La réalité le rattrape violemment et comme nous sommes en Amérique, c’est sanglant.
À travers son film le réalisateur Ari Aster dénonce frontalement toutes les psychoses de l’Amérique de Trump, de l’origine du Covid aux revendications des minorités, en passant par l’obsession des armes à feu.
Joaquin Phoenix, dans le rôle du shérif "antivax" qui perd le contrôle, est confronté à une réalité qui le dépasse. Il tient le film de bout en bout. Sa prestation époustouflante reflète la paranoïa d’une certaine Amérique qui s’enferme dans ses contre-vérités, quitte à se détruire elle-même.