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Les Aigles de la République

Compétition
Eagles of the Republic

Nationalité : France, Suède, Danemark, Finlande, Allemagne
Genre : Drame, Thriller
Durée : 2h 05min
Date de sortie : 22 octobre 2025
Réalisateur : Tarik Saleh
Acteurs principaux : Fares Fares, Zineb Triki, Lyna Khoudri

George Fahmy, l’acteur le plus adulé d’Egypte, accepte sous la contrainte de jouer dans un film commandé par les plus hautes autorités du Pays. Il se retrouve plongé dans le cercle étroit du pouvoir. Comme un papillon de nuit attiré par la lumière, il entame une liaison avec la mystérieuse épouse du général qui supervise le film.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel est le prix à payer pour changer nos convictions ?
Peut-on résister à un système qui se présente comme juste, mais qui n’est, en réalité, qu’un nid de vipères traîtresses ? Ce long métrage nous emmène dans un film dans le film, où la vérité et l’idéalisme d’une réalité corrompue se rencontrent pour nous raconter une histoire de trahisons, d’espionnage et de redécouverte personnelle. Et ce dans un gouvernement entièrement corrompu.
Notre protagoniste ne doit pas seulement accomplir ce que le gouvernement lui demande, mais aussi ne pas se laisser corrompre lui-même, en protégeant ceux qu’il aime.
Les conséquences de la désobéissance peuvent être terribles, mais la vraie question est : à qui devons-nous obéir ? Qui est vraiment du bon côté dans cette histoire ?
Le suspense d’une intrigue que l’on peine à comprendre jusqu’à la toute fin du film nous offre une expérience unique, pleine de danger et de surprises, qui ne nous permet pas seulement de voir le film, mais de le vivre.


Tarik Saleh réalise une nouvelle critique du pouvoir égyptien en utilisant le procédé du film dans le film, puisqu’il y sera question du tournage d’un « biopic » sur le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, en poste depuis 2014. Cette histoire d’un acteur contraint d’endosser l’uniforme d’un dirigeant qu’il exècre, offre aux Aigles de la République un point de départ très intrigant. À travers ce thriller, trahisons, espionnage se rejoignent.
Ce long-métrage est annoncé comme l’ultime film de la trilogie sur le Caire, après « Le Caire confidentiel » (2017) et « La conspiration du Caire" (prix du scénario en 2022), deux thrillers qui auscultaient le pouvoir et la corruption au sein de la capitale égyptienne. Ce film s’apparente à un pacte faustien redoutable sous le régime égyptien. Le cinéaste en fait un long-métrage qui dresse un portrait au vitriol du pouvoir égyptien. Ce thriller politique dénonçant les régimes totalitaires et démontrant les perversions des pouvoirs, met au cœur des problématiques fondamentales telles que éthique, valeurs, convictions, transparence, combats, esprit de contradiction, et ce grâce à un scénario brillant et fort bien maîtrisé.


Les Aigles de la République clôt avec noirceur le triptyque égyptien de Tarik Saleh, entamé avec Le Caire confidentiel et poursuivi par La Conspiration du Caire. Le cinéaste suédois d’origine égyptienne, interdit de tournage dans le pays de ses ancêtres, poursuit sa dissection acide du pouvoir.
Combien coûte une âme ? demande-t-il ici.
Fares Fares, remarquable, campe une star de cinéma anti-héros par excellence, contrainte par les services secrets à jouer un rôle plus que trouble : incarner celui qu’il déteste, le président Sissi. Pacte faustien avec la machine d’État en diable, mais ici ce n’est pas pour gagner la belle – qu’il a déjà – mais pour sauver son fils qu’il vend, morceau par morceau, sa superbe, sa langue bien pendue, ses convictions et sa conscience. Une phrase clé est celle qu’il prononce dans le film qu’il joue (mise en abyme) : « J’ai prêté serment à la constitution, toute autre allégeance me ferait trahir mon serment ». A quel serment faut-il rester fidèle ?
La sentence reste glaçante : toute âme a un prix. Reste à savoir qui paie. Un grand film.


Une vieille jaguar poussiéreuse qui tournoie dans la ville, une femme fatale, un héros malgré lui versatile, innocent et porteur de belles idées, des militaires fomentant un coup d’état, un civil conseiller de l’ombre, des personnages du pouvoir, sont les ingrédients de ce film du réalisateur Tarik SALEH, thriller politique noir au récit riche en rebondissements, romanesque, très maitrisé. Le scénario est brillant, gourmand, l’image de Pierre AÏm est douce, subtile mais précise. Quant à l’acteur principal, FARES FARES alias George FAHMY, il explose l’écran.
Véritable vedette en son pays, George se croit intouchable et pose ses exigences lors des tournages, jusqu’à temps d’être pris dans la tourmente d’une manigance politique où il deviendra la marionnette des événements.
C’est bien sûr un film politique dénonçant les régimes totalitaires et démontant les mécanismes pervers de certains pouvoirs. C’est aussi un essai psychologique avec l’étude fine des caractères des protagonistes que nous n’avons aucun mal à nous approprier : un film sur les valeurs, les convictions et le prix à payer pour les défendre.
« Détendez vous, nous sommes entre nous, nous sommes le bouclier du pays, les Aigles de la république » dit l’un d’eux : les Aigles fixent leurs yeux sur leur proie et acèrent leurs griffes : la Palme ?