
Nationalité : France
Genre : Policier
Durée : 1h 55min
Date de sortie : 19 novembre 2025
Réalisateur : Dominik Moll
Acteurs principaux : Léa Drucker, Yoann Blanc, Guslagie Malanda
Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie, enquêtrice à l’IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité... Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu’un simple numéro.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
17 mai 2025
Voilà un film qui nous prend de la première à la dernière minute comme avait pu le faire aussi le précédent film de Dominik Moll, La Nuit du 12, distingué par le prix Croire au cinéma.
L’enquête policière est rythmée par un travail de montage remarquable. L’enquêtrice de l’IGPN Stéphanie est tenace, intègre et d’un calme professionnel au milieu de la tension due à cette période agitée de la fin 2018 et aux manifestations des gilets jaunes.
La question centrale du film est posée avec simplicité par Victor, le fils de Stéphanie dont le père est également policier : pourquoi tout le monde déteste la police ? Et forcément la réponse est complexe et le film le démontre à merveille !
Justice, vérité, procédure, pression médiatique, ras-le-bol d’une profession mal payée et sous pression, victime marquée à vie... quelle parole a plus de valeur qu’une autre quand il faut préserver l’équilibre politique et l’ordre public ; prouver également la responsabilité de chacun, justifier d’une exemplarité incontestable, assurer l’indépendance de la justice etc. Tous ces ingrédients distillés savamment, nous tiennent en haleine avec deux préoccupations répétées avec insistance : à quoi sert cette recherche de vérité et où est la confiance ?
21 mai 2025
Après La nuit du 12, Dominique Moll s’attaque à un fait divers. Une fois encore, comme l’avait fait avant lui Maurice Pialat avec Police, le réalisateur montre les faits du côté de la police. Grace au jeu habité de Léa Drucker, l’auteur essaie de démêler les fils d’un acte dont on pourra dire comme Jean Renoir : "chacun a ses raisons".
Nous nous trouvons ici plongés dans un des épisodes des Gilets Jaunes qui a opposé policiers et manifestants… Qui dira après cela que le cinéma français est déconnecté de la réalité ?
Bien sûr, force est de constater que Dominique Moll a choisi son camp, tout comme Léa Drucker, qui devant la réalité, fait preuve de détermination...
18 mai 2025
Est-ce que les faits peuvent avoir différentes interprétations, ou sont-ils des choses qui, même depuis des points de vue différents, restent toujours objectives ? Dossier 137 nous permet de remettre en question la construction de l’ennemi et comment le besoin politique d’un moment précis permet que la justice ne soit pas faite, mais reste endormie et aveugle au peuple.
Dans ce film, le plus important, donc, ce n’est pas de découvrir la vérité, mais que celle-ci nous rende libres.
En d’autres mots, il n’y a pas de justice si, en connaissant la vérité, on décide finalement de la cacher derrière un bureau.
Comment pouvons-nous croire en un système qui cherche à nous corrompre plus qu’à nous aider ?
C’est à travers le scénario, les dialogues et la mise en scène que nous comprenons aussi comment la vie quotidienne de la protagoniste ne peut pas être séparée de son travail. Les limites deviennent floues, et avec cela, sa vision de la justice et de son métier.
Pourrions-nous faire mieux qu’elle ?
18 mai 2025
Avec ce long-métrage, nous sommes dans la France des "gilets jaunes", entre colère sociale et violences policières. Rappelez vous 2018 et ses événements liés à leur mouvement ; un fait divers avait fait la "une" : un jeune manifestant pacifique avait reçu une balle de flash-ball dans la tête.
Ce long-métrage se présente sous la forme d’un film d’enquête où échanges, points de vue, interrogatoires s’opposent et se répondent. La détresse des proches du jeune blessé fait face à la mauvaise foi des accusés. Par souci d’objectivité, dans ce procès c’est la preuve qui sera fondamentale et primordiale : les rapports lus en voix off, les reconstitutions des déplacements, les interrogatoires croisés. Le cinéaste analyse avec rigueur une institution qui a du mal à se remettre en question.
Le discours est nuancé, sauf pour les évidences accablantes, la forme est factuelle et sobre. Quant au scénario très maîtrisé, il permet une attention soutenue pendant toute la durée du film.
Signalons que pour Dossier 137, le cinéaste a bénéficié d’un travail de documentation intense et d’entretiens avec des membres de l’IGPN. Et saluons la prestation remarquable de Léa Drucker.
17 mai 2025
Ce film est un policier sur la police, où une enquêtrice des "bœufs carottes » (IGPN), besogneuse, talentueuse, honnête, prend en charge - afin de le résoudre - le dossier 137 qui lui a été confié par sa hiérarchie.
Ce dossier comporte, entre autre, l’identification du responsable de la blessure grave d’un individu ayant manifesté à Paris en décembre 2018 avec les « Gilets jaunes ».
Ce film est ciselé au bistouri, tant pour le scénario que pour le montage et les prises de vues. Le jeu de Léa Drucker est époustouflant de réalisme et de sensibilité. Le rythme soutenu ne nous laisse aucun répit. La résolution de cette enquête prend du temps et laisse place au doute quand un évènement inattendu, relance la recherche de la vérité.
Se pose alors une infinité de questions qui touchent à l’ordre public dans une société à cran, au rapport entre vérité, justice et autorités politiques, qui ont en charge la stabilité du pays.
Le dernier plan est particulièrement émouvant et accentue notre révolte. A voir et à revoir.
16 mai 2025
On se souvient tous des événements liés au mouvement des gilets jaunes de 2018. Le réalisateur Dominik Moll a pris le parti de traiter le sujet à travers un des faits divers qui a défrayé la chronique : le jeune manifestant pacifique qui avait reçu une balle de flash-ball dans la tête et dont la vie fut brisée. Nous suivons pas à pas l’enquête de la commandante de l’IGPN, jouée par la parfaite Léa Drucker, qui est prise entre deux feux, la vérité des faits et la solidarité vis-à-vis de ses collègues. Les interrogatoires et procédures rébarbatifs s’enchaînent sans temps mort avec un montage judicieux, ce qui nous évite de longues litanies. L’atmosphère violente de ce contexte explosif est bien perceptible : des forces de l’ordre dépassées à qui l’on dit que la République est en danger, des Français excédés par l’injustice sociale, des commerçants paniqués, le manque de coordination des brigades, l’improvisation des politiques. Bref, le chaos. L’impartialité du scénario implique des dialogues justes avec des policiers à bout de nerf et des citoyens qui ne supportent plus leurs débordements et leur impunité. Y aurait-il deux poids deux mesures ?