
Nationalité : France, Russie, Mexique, Allemagne
Genre : Biopic, Drame, Historique
Durée : 2h15
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Kirill Serebrennikov
Acteurs principaux : August Diehl, Dana Herfurth, Burghart Klaußner
Adaptation de La Disparition de Josef Mengele écrit par Olivier Guez.Les années de fuite du médecin nazi Josef Mengele, qui trouva refuge en Amérique du Sud à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Entièrement raconté du point de vue du fugitif, évoluant du Paraguay à la jungle brésilienne, l’oeuvre dresse le portrait âpre et complexe d’un bourreau qui tente d’échapper à son destin, tandis qu’autour de lui le monde évolue et prend conscience des crimes nazis.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
22 mai 2025
Ce biopic historique, traitant de la cavale du tristement célèbre médecin Josef Mengele en Amérique du Sud à l’issue de la défaite nazie, - puissant de par une narration dense et dynamique, artistique de par sa forme et équilibré de par la juxtaposition des points de vues - mérite notre attention, malgré et surtout par l’indignation qu’il soulève.
La complexité maligne du personnage (l’excellent August Diehl), nous est révélée non seulement par l’étude fine de sa psychologie psychorigide, mais aussi au travers de ses relations avec les cercles fascistes et nationaux-socialistes qui l’entouraient, le protégeaient et l’adulaient. Ceci nous confirme que le procès de Nuremberg était loin d’avoir tout réglé. La permanence de l’idéologie radicale dans l’esprit de Mengele - qui est paradoxalement persuadé de son innocence - ne variera jamais d’un iota jusqu’à sa mort, ce qui lui vaudra une confrontation violente avec son fils avec lequel il avait, malgré tout, conservé un lien familial.
Un point crucial, en sus de la "solution finale", est soulevé dans ce film à propos de l’enrichissement des États divers, des firmes et du peuple allemand de l’époque, vu la main d’œuvre gratuite que les juifs internés leurs procuraient. A voir et faire voir, afin que les générations à venir puissent comprendre que nos valeurs démocratiques et celles qui les sous-tendent ne sont pas pérennes.
23 mai 2025
Le film débute dans une classe brésilienne où, devant des ossements retrouvés, les étudiants ignorent qui est Joseph Mengele, illustrant ainsi l’oubli dans le temps et la banalisation du mal.
Mengele, l’un des plus grands criminels de guerre recherché, médecin généticien d’Auschwitz, est mort de sa belle mort à Bertioga au Brésil en 1979.
Le réalisateur Kirill Serebrennikov s’inspire du roman d’Olivier Guez, prix Renaudot 2017 et choisit ainsi un angle original, puisqu’il se situe du point de vue du personnage qui toute sa vie restera persuadé qu’il est innocent.
Le scénario, construit en flashbacks successifs alternant le noir et blanc et la couleur, reprend différentes périodes de sa vie, essentiellement la période clandestine, mettant en scène des cercles fascistes complices, présents au Brésil longtemps après la guerre.
Certaines scènes particulièrement insoutenables à partir d’images d’archives SS, où lui apparait souriant, nous révèlent la banalité de son quotidien au service d’une idéologie et la monstruosité de ses actes. D’autres scènes plus immersives et angoissantes nous plongent au cœur du mental tourmenté de Joseph Mengele. L’œuvre de Kirill Serebrennikov est magistrale cumulant un jeu d’acteur - August Diehl admirable -, une photographie magnifique et une musique vibrante.
Ce film invite à la réflexion sur la nature du mal et la capacité ou non à se repentir.
22 mai 2025
« L’ange de la mort » était un médecin du camp d’Auschwitz. Il a participé activement à l’extermination des juifs et réalisé de sombres expériences sur le corps humain. S’inspirant du roman d’Olivier Guez, prix Renaudot 2017, Kyrill Serebrenikov nous livre une nouvelle œuvre magistrale, profonde, dérangeante mais sans fausse note.
Gregor, Peter, Pedro… C’est l’odyssée dantesque d’un homme aux identités multiples. A l’opposé du Raskolnikov de Crime et châtiment - taraudé par la culpabilité, Mengele ne regrettera jamais rien. Son châtiment sera d’être miné par l’angoisse et de terminer sa vie misérablement au Brésil.
La narration adopte le plus souvent son point de vue, un parti cinématographique stupéfiant. Mais le ton est juste car jamais il n’y a la moindre empathie pour ce personnage de plus en plus insupportable. Les enjeux du procès qui n’a jamais eu lieu sont énoncés dans un sublime dialogue avec son fils : un moment d’anthologie du cinéma. Le scénario dépeint également une famille de nazis toujours convaincus 15 ans après la fin de la guerre. Un avertissement politique d’actualité.
La mise en scène est superbe, tout comme la photo panoramique en noir et blanc. Comme souvent Serebrenikov impose quelques scènes assez glauques, mais qui ne sauraient ternir cette œuvre impressionnante.