
Nationalité : Japon, Grande-Bretagne
Genre : Drame
Durée : 2h03
Date de sortie : 15 octobre 2025
Réalisateur : Kei Ishikawa
Acteurs principaux : Suzu Hirose, Fumi Nikaidô, Camilla Aiko
Royaume-Uni, 1982. Une jeune anglo-japonaise entreprend d’écrire un livre sur la vie de sa mère, Etsuko, marquée par les années d’après-guerre à Nagasaki et hantée par le suicide de sa fille aînée. Etsuko commence le récit de ses souvenirs trente ans plus tôt, lors de sa première grossesse, quand elle se lia d’amitié avec la plus solitaire de ses voisines, Sachiko, une jeune veuve qui élevait seule sa fille. Au fil des discussions, l’écrivaine remarque une certaine discordance dans les souvenirs de sa mère… les fantômes de son passé semblent toujours là - silencieux, mais tenaces.
D’après le roman de Kazuo Ishiguro - Lauréat du prix Nobel de littérature.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
16 mai 2025
C’est un passé trouble qui remonte à la surface… Car les souvenirs d’Etsuko ne collent pas avec le présent. Son mari « disparaît » de l’histoire entre 1952 et 1982 sans qu’elle n’en parle jamais. Pourquoi vit-elle en Angleterre aujourd’hui ?
Qu’est donc devenue Sachiko, l’amie dont elle parle tant ? Qu’est-il arrivé à sa fille Keiko pour qu’elle se suicide ? Elle semble porter encore la culpabilité de ce décès. De mystérieux meurtres survenus à l’époque ne sont pas élucidés. Et l’ombre de la bombe de Nagasaki imprègne cette histoire, mémoire du sauve qui peut... et présence d’objets sauvés.
La narration déploie ainsi une atmosphère mystérieuse et poétique, et nous met à l’épreuve des questions irrésolues. Son caractère énigmatique est appuyé par une mise en scène soignée qui reflète remarquablement les deux époques du film (1952 et 1982) et par de belles images lumineuses. Le rythme lent reflète la difficulté à faire remonter les souvenirs. Le format 4/3 marque l’enfermement mental d’Estsuko, la difficulté à exprimer le passé qu’elle cherche à raconter, son isolement presque total en 1952.
Un très beau film sur le plan formel, qu’il faut regarder en se laissant porter par sa poésie et son atmosphère irréelle.
18 mai 2025
Tiré d’un roman du prix Nobel de littérature japonais contemporain, Kazuo Ishiguro, le film retrace le récit de sa vie par une rescapée de la bombe atomique de Nagasaki, à sa cadette Niki, 30 ans après l’évènement. Etsuko s’est exilée en Angleterre depuis, où Niki a été élevée et éduquée. Au fil de ce récit, on mesure l’ampleur des blessures physiques et psychologiques engendrées par le bombardement sur ceux qui ont échappé à la mort : ainsi Keiko, sa fille aînée, née déficiente mentale avec des séquelles physiques, qui ont fini par la conduire au suicide, ou les cauchemars d’Etsuko, abandonnée par le père de l’enfant et rongée aussi par la culpabilité de ne pas avoir su protéger ses élèves de violon (passion à laquelle elle a préféré renoncer). Même à Niki, elle n’a jamais pu dévoiler ce passé douloureux jusqu’à ce jour où celle-ci, elle-même blessée par ce qu’elle ressent comme une mise à distance, le lui réclame avec insistance. Et encore ne s’y résout-elle qu’en usant d’un subterfuge, trahi par de vieilles photos conservées dans une malle…
Témoignage fort, nostalgique et poignant, dévoilant avec beaucoup de pudeur les traumatismes passés et encore présents, servi par un scénario bien construit, des cadrages soignés, et des interprètes exceptionnels.