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Rien à Perdre

Un Certain Regard
Rien à perdre

Nationalité : France
Genre : Drame
Durée : -
Date de sortie : 22 novembre 2023 en salle
Réalisateur : Delphine Deloget
Acteurs principaux : Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter

Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Ensemble, ils forment une famille soudée. Une nuit , Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement et sa mère au travail. Un signalement est fait et Sofiane est placé en foyer. Armée d’une avocate, de ses frères et de l’amour de ses enfants, Sylvie est confiante, persuadée d’être plus forte que la machine administrative et judiciaire…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

C’est sur un rythme soutenu que se télescopent les premières images, colorées, bruyantes, agitées : elles donneront le « là » de ce long-métrage qui met en scène une jeune femme que l’on voit dépassée par les événements. Quels sont-ils ? Ceux d’une mère célibataire avec deux enfants, aux prises avec des services administratifs (Aide Sociale à l’Enfance) difficiles à qualifier. Car à partir de l’accident qui touche l’un de ses enfants, il s’agira pour eux, de faire la part du risque qu’il encourt réellement et de celui supposé face à des parents que l’on peut imaginer maltraitants. L’amour suffit-il pour éduquer des êtres ?
Parce qu’ils s’appuient sur le principe de précaution, l’équilibre de cette famille sera détruit. Dans cet imbroglio, juridique entre autres, cette mère se débat maladroitement, violemment parfois car sans concession, incapable de louvoyer, le tout en gros plans. Le quotidien n’y est pas éludé, la responsabilité sous-jacente de la famille qui l’entoure non plus. La question posée restera : quelle place peut-on espérer dès lors que l’on présente aux autres une vie différente de la leur ?


Cette famille monoparentale est bancale à bien des égards mais l’amour y est brut comme un diamant. Jean-Jacques l’adolescent est le gardien de son petit frère Sofiane tandis que Sylvie, la mère, travaille dans le monde de la nuit. L’accident domestique qui fait dérailler cette organisation aura des conséquences démesurées au regard du principe de précaution, mesure bien huilée dans nos sociétés modernes paranoïaques. Des « cas » psychologiques, oui ils le sont tous dans cette famille, mais la machine administrative ne regarde pas l’individu, elle ne s’adapte pas à la complexité des caractères de la marge. C’est tout le combat de ce film qui ne diabolise aucun des camps mais pointe la faille de la politique d’aide sociale et, encore une fois, du problème de sous-effectif qui influe sur la qualité des soins.
Pour un premier long-métrage, Delphine Deloget nous propose une belle maîtrise de mise en scène et un vrai tempérament de raconteuse. Il est vrai qu’elle est ici bien servie par une Virginie Efira, au sommet de sa force d’interprétation, et d’une équipe d’acteurs pris dans le tourbillon de la sincérité.