Nationalité : Allemagne, Japon
Genre : Drame, Comédie
Durée : 2h03
Date de sortie : 29 novembre 2023 en salle
Réalisateur : Wim Wenders
Acteurs principaux : Koji Yakusho, Min Tanaka, Arisa Nakano
Hirayama travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’épanouit dans une vie simple, et un quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Une réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
27 mai 2023
Le temps passe à Tokyo... Le quotidien pour le personnage de Wenders, Hirayama, son travail : laveur de toilettes, employé modèle, avec ses journées rythmées. Il fait le tour des toilettes du quartier Shibuya, toilettes refaites à neuf, dont certaines sont des constructions d’architectes contemporains. Que sait-on de cet homme ? Il parle pas ou peu mais son visage reflète tous ses sentiments. Il se réjouit d’écouter ses cassettes de musique rock des années 1970 (les Rolling Stones, Otis Redding, Lou Reed, Patti Smith… ). Il sourit lorsqu’il prend des photos des arbres et qu’il les contemple. Il est cultivé et aime lire du Faulkner, Patricia Highsmith, et Arbre d’une romancière japonaise. L’attention qu’il porte aux autres alors que ceux-ci l’ignorent souvent fait de lui un homme digne. Sa tristesse et sa douleur émergent par moments. Mais il se contente de peu : son travail, sa collection de photos d’arbres, ses arbres en pot, ses rencontres... Wim Wenders a accordé une attention toute particulière au rythme du récit, au calme du personnage et à la beauté inhérente de la ville. L’harmonie domine dans ce film où les rêves permettent à Hirayama de continuer à profiter des pensées simples et sereines de ces journées.
29 mai 2023
Au petit matin, le cadre dynamique pressé ne l’a même pas vu : pour ce jeune homme, Hirayama n’est qu’un invisible parmi ’les Invisibles’.
Hirayama qu’on devine cultivé – un intellectuel comme disent gentiment ses amis – met autant de perfection dans l’accomplissement de sa tâche dans les toilettes de Tokyo que dans ses mises au point photographiques ;
tous ses focus sur les arbres, le ciel, sur tout ce qui lui semble beau ou émouvant se trouvent ponctués par le focus leitmotiv du réalisateur sur la Skytree, la bien-nommée...
Avec ses sourires attendris et sa capacité à créer des liens, Hirayama a gardé – malgré des épreuves qu’on imagine aisément – assez « de musique dans son cœur pour faire chanter sa vie »...
29 mai 2023
C’est un taiseux, Hirayama, qui force le respect. Tout est ordonné, dans son intérieur comme dans ses journées, rythmées par des rituels bien précis. Méticuleux, il a l’amour du travail bien fait – aussi ingrat puisse-t-il paraître. Il accepte les autres comme ils sont, se montre attentif, sans jugement, généreux, serviable et il est apprécié en retour. A ses moments de loisir, ses goûts sont simples : émerveillement devant la beauté des arbres – qu’il photographie, écoute de chansons des années 70-80 sur de vieilles cassettes audio, lecture du soir en solitaire. Il ne refuse pas un brin d’imprévu (jeu de morpion avec un inconnu par billet interposé).
Pour lui, le bonheur n’est ni dans le paraître, ni dans l’argent, ni dans l’ambition sociale, mais dans les petites choses du quotidien, du monde qu’il a choisi, et où il se sent en accord avec lui-même.
Un très beau film, et une belle leçon d’humilité et de sereine humanité, dans un monde agité.