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Le Théorème de Marguerite

Séances Spéciales
Le théorème de Marguerite

Nationalité : France, Suisse
Genre : Drame
Durée : 1h 52min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Anna Novion
Acteurs principaux : Ella Rumpf, Jean-Pierre Darroussin, Clotilde Courau

L’avenir de Marguerite, brillante élève en Mathématiques à l’ENS, semble tout tracé. Seule fille de sa promo, elle termine une thèse qu’elle doit exposer devant un parterre de chercheurs. Le jour J, une erreur bouscule toutes ses certitudes et l’édifice s’effondre. Marguerite décide de tout quitter pour tout recommencer.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Interviewée avant de présenter sa thèse, Marguerite déclare qu’elle ne pourrait vivre sans les mathématiques. Désarçonnée par une erreur, lâchée par son mentor, elle prétendra certes y renoncer définitivement, pour y revenir aussi vite, en solo, mue par cette curiosité vitale qui la presse de minorer le hasard au jeu de Mahjong. Parcours initiatique, aussi, d’une jeune fille pataude, introvertie qui a d’autres équations à résoudre dans sa vie : apprendre à interagir avec ses proches antithétiques – Noa sa colocataire, danseuse ; Lucas un doctorant aussi brillant qu’extraverti –, apprendre à se dégourdir le corps et le cœur et à se libérer des peurs de sa mère. Mais c’est surtout l’intelligence au travail qui fascine : ascèse solitaire, ou prolifération spectaculaire, sur tous les murs transformés en tableaux noirs, de signes et lignes de raisonnement aussi hermétiques pour le spectateur lambda que parfaitement véridiques, ou encore émouvant duo de deux esprits en phase, et enfin, cette énergie fiévreuse, qui renvoie à celle des peintres, poètes, compositeurs saisis par l’inspiration. Les mathématiques s’élèvent ici au rang d’art, requièrent talent et imagination. « C’est beau » disent tour à tour Marguerite (Ella Rumpf, impeccable !) et Lucas.
« C’est un acte de foi » dit la réalisatrice Anne Novion.


L’abscisse et l’ordonnée ont trouvé leur point sublime.
Dans son film, la réalisatrice Ana Novion nous parle des mathématiques comme d’une création artistique où l’on retrouve la passion, l’acharnement, la ténacité. Et la foi aussi. Elle nous évoque le poids qui repose sur les chercheurs, d’autant plus si l’on est une femme.

Marguerite, brillante élève à l’ENS, est interviewée sur ses travaux de recherche sur la conjecture de Goldbach. D’apparence sérieuse, renfermée, solitaire, surnommée ’la mathématicienne aux chaussons’, elle force l’admiration.
Dans le domaine de la recherche, le parcours est loin d’être une route toute tracée. Surtout pour Marguerite lorsque son directeur de thèse, figure d’un père qu’elle n’a pas eu, la lâche.
Le film nous conte l’histoire d’une chute et d’une renaissance. La dérive qu’elle traverse se révèle l’occasion de sortir du cadre, d’élargir les possibles, de déplacer le regard, de s’ouvrir aux rencontres. Pour enfin apprendre à écrire les mathématiques à deux mains, comme une partition de musique...


Le début agace : pourquoi une jeune fille qui est un génie mathématique, doit-elle forcément être si peu féminine ? Mais la suite nous amène dans une plongée jouissive dans les dédales de son obsession : prouver le théorème de Goldbach. Marguerite, abandonnée par son père, voit dans son directeur de thèse une figure paternelle. Mais, pour mieux avancer ses propres travaux, il la laisse tomber à son tour. Ce qui est très intéressant dans ce film, c’est que Marguerite, qui se voit trahie, s’enfonce d’abord dans une impasse dont elle arrive à sortir par le jeu, qui plus est, un jeu illégal. C’est là une illustration parfaite de ce que le philosophe des sciences, Karl Popper, a affirmé, à savoir que la solution d’un problème complexe vient de l’extérieur du système dans lequel le problème se pose. Et toutes les facettes du scientifique participent à cette démarche créative, y compris les plus irrationnelles, et se vérifient dans la discussion critique – c’est ce que Marguerite va vivre avec Lucas et qui permet au film de se terminer en romance (un peu trop convenu aussi, mais tant pis).