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La Fille de son père

Semaine de la Critique
La Fille de son père

Nationalité : France
Genre : Comédie dramatique, Drame, Comédie
Durée : 1h 31min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Erwan Le Duc
Acteurs principaux : Nahuel Perez Biscayart, Céleste Brunnquell, Maud Wyler

Etienne a vingt ans à peine lorsqu’il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, Etienne choisit de ne pas en faire un drame. Etienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que Rosa doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Enfin des échanges jubilatoires entre un père et sa fille. Certes sur toile de fond d’un drame : la mère qui s’en va... Mais, complices pendant l’enfance de Rosa, les voilà qui s’affrontent à son adolescence. Affublée d’un ’petit ami’ qui ne cesse de disserter sur leur relation filiale et leur propre échange, nous avons droit à des ’vérités’ telles que : « l’absence n’est pas un sentiment », ou encore « la vie autour de toi n’est pas un décor »... Que de dialogues savoureux ! Les lieux communs sont également détournés et l’on ne peut qu’en rire, particulièrement lorsque tout un chacun se voit abordé sa vie intime, sans vraiment en avoir eu le choix.
Même si la mère plane en filigrane, elle apparaît de façon tout à fait atypique. Sublimée parfois, exclue à d’autres. De cette tragédie fondatrice naîtra un très fort lien entre le père et sa fille, qui se disloquera à l’apparition de sa libido naissante, mais implacable, donnant à voir le désir d’une façon toujours très drôle.
Un clin d’oeil inattendu lors de la présentation du film par les comédiens et les producteurs : le réalisateur n’a pas souhaité monter sur l’estrade mais leur a fait lire – sous les applaudissements – qu’il était présent dans la salle, fauteuil 7 au 4ème rang : une raison de plus de rire !


Et si un coup de pied dans un ballon – comme un jet de dés – avait le pouvoir d’écrire presque deux décennies de votre vie ? Pari tenu dans le démarrage et pré-générique haletant, drôle, émouvant, emballant du second long-métrage d’Erwan Le Duc.
Etienne est le jeune père de Rosa, seize ans, qui n’a pas connu sa mère. En voilà deux qui se sont co-construits. Il est nonchalamment surprotecteur et ne souhaite que son bonheur (Nahuel Pérez Biscayart ou une séduisante et tragi-comique alliance de fragilité et de résilience à toute épreuve). Elle marque clairement son territoire, revendique le droit à l’intime… mais serait affreusement meurtrie de moins briller aux cieux – ou dans les yeux – de son père (Céleste Brunnqell, convaincante dans la fraîche détermination de l’adolescence).
Mais en voilà deux aussi que la vie appelle bientôt à suivre leur propre trajectoire… Et si une image de télévision avait le pouvoir de relancer les dés, d’ouvrir pour Rosa un autre horizon ?
L’humour des répliques, certains personnages décalés, le plaisir de cadrer et de varier les rythmes contribuent à cette belle leçon d’optimisme, et le refus du pathos n’efface ni la tendresse, ni la poésie.