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Kuru Otlar Üstüne

Les Herbes sèches / About dry grasses
Compétition Officielle
Kuru Otlar Üstüne

Nationalité : Turquie, France, Allemagne, Suède
Genre : Drame
Durée : 3h 17min
Date de sortie : 12 juillet 2023 en salle
Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
Acteurs principaux : Deniz Celiloğlu, Merve Dizdar, Musab Ekici

Samet est un jeune enseignant dans un village reculé d’Anatolie. Alors qu’il attend depuis plusieurs années sa mutation à Istanbul, une série d’événements lui fait perdre tout espoir. Jusqu’au jour où il rencontre Nuray, jeune professeure comme lui…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Une immensité blanche : au mileu de cette neige d’Anatolie surgit, tout d’abord, le triangle rouge d’un panneau routier avant que ne se détache la silhouette foncée d’un homme qui rejoint son village : un avertissement ? Ledit village est isolé. L’école y est au centre. Les élèves sont agités. La maison abrite deux professeurs en colocation. Pour l’un d’eux l’idée est de rallier Istanbul pour sortir de ce « trou »… l’autre garde la vision pastorale de sa famille. Ils sont, malgré tout, amis. En attendant, c’est dans ce décor que vont se mêler, comme toujours avec ce réalisateur, les tensions psychologiques entre les personnages – exacerbées par la promiscuité et les conditions météo –, les problèmes de société donc de politique : tout ceci servi par des dialogues très écrits forçant à la réflexion.
L’amitié : l’hypocrisie et la manipulation prévalent. La politique : une seule alternative, soit la révolte soit le silence qui cautionne l’actuel gouvernement. L’éducation nationale : manichéisme affiché, sur fond de calomnies à caractère pédophile, sans témoins, et selon une procédure discutable. L’amour : décliné avec le concours d’une belle jeune femme handicapée à cause d’un acte terroriste, il servira la question de l’engagement.
Ce film esthétique, bavard, brillant, pose des questions universelles mais aussi particulières à la situation politique de ce pays, auxquelles il est si difficile d’apporter des réponses.


Le film de Nuri Bilge Ceylan Les Herbes Sèches, s’ouvre par le plan sublime d’un homme marchant seul dans l’étendue immense de l’Anatolie orientale blanchie par l’hiver glacial.
Nuri Bilge Ceylan filme la nature comme personne. Ses images sont de l’art pur qui explose à chaque plan.
L’homme solitaire, Samet, revient pour la rentrée scolaire ; professeur d’arts plastiques, il est idéaliste et progressiste et essaie d’inculquer des méthodes nouvelles d’enseignement en étant plus proche des élèves. Avec son colocataire et collègue Kenan, il se retrouve accusé de gestes déplacés par une élève avec laquelle il semble nourrir une relation ambiguë, trop complice peut-être… Mais Nuri Bilge Ceylan clôt rapidement ce dossier relatif au harcèlement : il instaure un climat d’ambiguïté où les choses ne sont pas très nettes et construisant un film à tiroirs, il passe autre chose ; ayant le sens des retournements, il rebondit sur d’autres thèmes, comme la réflexion sur l’indifférence de Samet ou l’engagement de la courageuse Nuray.
Dans ce film tout navigue en louvoyant dans les eaux troubles des recoins de l’âme humaine, que ce soit la médisance colportée, la lâcheté engendrée par le manque de courage mais aussi l’idéalisme.


Le nouveau film de Nuri Bilge Ceylan mérite d’être vu deux fois à cause des dialogues très riches. Il nous amène dans une région reculée et pauvre de l’Anatolie qui fonctionne comme une traversée du désert pour un jeune professeur citadin, intellectuel et idéaliste.
Accusé à tort par l’élève que justement il affectionnait, en concurrence amoureuse avec son colocataire qui ne lui dit pas tout, il a du mal à faire le tri dans ses sentiments. Ramené à la réalité par la médisance ordinaire, désabusé, désespéré par la perte de ses illusions, il reprend goût à la vie par la contradiction d’une collègue activiste qui a perdu une jambe lors d’un attentat. De désabusé il devient empathique pour ces ‘herbes sèches’ à qui personne ne porte attention et qui, pourtant, survivent à cette longue saison de neige.
On ne voit que ça, la neige. Elle fige jusqu’aux sentiments, et pourtant : le dégel mérite toute notre attention.

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