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Monster

Kaibutsu
Compétition Officielle
Monster

Nationalité : Japon
Genre : Thriller
Durée : 2h06
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
Acteurs principaux : Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa

Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant.
Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils.
Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon.
Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ …


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le scénario repose sur un fait-divers d’école dont les suites sont totalement disproportionnées. Par un montage assez déboussolant avec le point de vue successif des protagonistes, nous éprouvons d’abord la difficulté de ne pas comprendre. Car la vérité est inaccessible aux adultes : le comportement de Minato est incompréhensible et nous-mêmes, spectateurs, nous laissons aller à des représentations erronées. La presse aura vite fait de juger à sa façon (erronée bien sûr).
Enfermement dans le silence : Minato ne peut pas trahir son ami, ne peut pas dévoiler sa tendresse pour Yoki…
Oui le monde des enfants gardera toujours une part de mystère. Là est le vrai sens de ce film, c’est un conte sur les rêves et secrets d’enfants, leurs amitiés, leurs jeux, leurs souffrances. Une invitation à accepter ces jardins secrets et une part d’irrationnel dans leurs comportements.
Un film délicat, avec une caméra lumineuse d’une grande élégance de bout en bout. Les acteurs transmettent beaucoup d’émotion. En arrière-plan, la critique de la rigidité de la société japonaise est palpable.


Un même récit raconté successivement à partir de la perspective des différents protagonistes plonge le spectateur dans une remise en question constante de son point de vue. Comme quoi, la réalité que nous percevons est toujours aussi partielle que partiale. Et complexe à souhait. Notre bien-aimé Kore-eda (Prix du Jury oecuménique Cannes 2022 pour Les bonnes étoiles) nous conduit avec délice à travers les méandres de cette complexité. Les mensonges proférés pour protéger des sentiments inavouables, ou du moins perçus comme tels, conduisent progressivement à des catastrophes disproportionnées. Et au départ, mais ça on ne le comprend qu’à la fin, la conviction erronée d’un père (chut, n’en disons pas trop), le seul vrai monstre dans l’histoire, qui conduit ce dernier à maltraiter son fils qui, lui, reste malgré et envers tout lumineux comme le montre la dernière image, pleine d’espoir.


Encore une histoire d’amitié amoureuse entre deux jeunes garçons qui découvrent leurs premiers émois, me direz-vous ! Certes, mais le dernier film du réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda mérite largement qu’on s’y intéresse. D’abord pour sa mise en scène kaléidoscopique qui propose une lecture du récit par différents points de vue et tient en haleine le spectateur jusqu’au bout du jeu de pistes de la narration. Pour ses personnages aussi, des adultes perdus et des enfants qui se trouvent. L’histoire qui pourrait être banale au début, un garçon qui accuse son professeur de maltraitance, se transforme en véritable chamboulement émotionnel pour le jeune adolescent qui découvre que le monstre dont il est question n’est pas celui que l’on croit. Face à une attitude qu’ils ne comprennent pas, sa mère et son professeur sont complètement déstabilisés. Seule la directrice de l’école, qui cache aussi un lourd secret, arrive à déceler le cœur du mensonge. Le jeu subtil des acteurs, et notamment de Soya Kurokawa qui interprète le jeune Minato, entraîne le spectateur au bout du bout du chemin caché où la vérité se dévoile enfin.