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Kadib Abyad

La Mère de tous les mensonges
Un certain regard
Kadib Abyad

Nationalité : Maroc, Egypte, Arabie Saoudite
Genre : Documentaire
Durée : 1h 37min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Asmae El Moudir
Acteurs principaux :

Asmae, jeune réalisatrice marocaine, se rend chez ses parents à Casablanca pour les aider à déménager. Une fois dans la maison de son enfance, elle commence à trier ses vieilles affaires. Soudain, Asmae tombe sur une photo : des enfants qui sourient dans la cour d’une école maternelle. Presque hors-cadre se trouve une petite fille assise sur un banc, qui regarde timidement l’appareil-photo. Cette photo est l’unique image de son enfance, l’unique souvenir que sa mère a pu lui transmettre. Mais Asmae est convaincue qu’elle n’est pas l’enfant sur cette image. Dans le but de faire parler ses parents, Asmae introduit sa caméra et joue avec cet incident intime pour évoquer d’autres souvenirs auxquels elle ne croit pas non plus. Cette photo devient le point de départ d’une investigation durant laquelle la réalisatrice interroge tous les petits mensonges que lui a dit sa famille. Petit à petit, Asmae explore la mémoire de son quartier et de son pays.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Comment exister dans une famille marquée par son histoire ? Comment évoquer le passé alors que le chef de famille, la grand-mère, est un dictateur (ou plutôt une ’dictatrice’ selon sa petite fille) qui interdit de conserver toute photo ?
Voilà un récit édifiant des événements des années de plomb au Maroc (juin 1981) vus par la petite fille réalisatrice et non journaliste, métier bien plus honorable aux yeux de la grand-mère.
Elle nous raconte en voix off, passant parfois par le biais de figurines et de maquettes, ce que les photos disparues ne pourront pas raconter, ce que les mots ne peuvent dire. Elle vient nous toucher dans ce devoir de mémoire pour ceux qui sont morts brutalement, alors qu’ils revendiquaient seulement leur droit à se nourrir, vivre de leur travail... des situations qui se reproduisent ailleurs malheureusement.
Un moyen original de raconter ces moments forts de l’histoire du Maroc par le biais de l’histoire d’une famille, même si le récit manque parfois de rythme.


C’est avec un scénario très original que la réalisatrice Asmae El Moudir nous invite dans son film à faire mémoire, mêlant « l’histoire » de sa famille et « l’Histoire » du Maroc, au temps des années de plomb 1970-1980 marquées par la répression des opposants politiques sous le roi Hassan II.
Au milieu du studio, une très jolie maquette d’argile, véritable œuvre d’art réalisée par son propre père sculpteur, sublimée par l’éclairage, représente leur ancien quartier à Casablanca et les figurines correspondent aux personnages de son récit.
Sa grand-mère n’aime pas les photos... et elle voudrait comprendre pourquoi ? Avançant dans son investigation, c’est une véritable ’anatomie du drame’ que nous propose Asmae El Moudir. La caméra navigue entre les témoignages recueillis et les figurines qui se déplacent. Ce film très émotionnel remet en scène les personnages malgré eux – à l’instar d’une reconstitution des faits dans un procès. Asmae El Moudir a choisi de tourner en intérieur : le studio pourrait nous faire penser à une salle d’audience ou un huis clos. Et les paroles prononcées touchent à l’intime.
Comme une invitation pour sa famille, comme pour le Maroc, à continuer à vivre avec cette histoire.