Primary Menu

Club Zéro

Compétition Officielle
Club Zéro

Nationalité : Autriche, Allemagne, France, Grande-Bretagne, Danemark
Genre : Drame, Thriller
Durée : 1h 50min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Jessica Hausner
Acteurs principaux : Mia Wasikowska, Sidse Babett Knudsen, Elsa Zylberstein

Miss Novak rejoint un lycée privé où elle initie un cours de nutrition avec un concept innovant, bousculant les habitudes alimentaires. Sans qu’elle éveille les soupçons des professeurs et des parents, certains élèves tombent sous son emprise et intègrent le cercle très fermé du mystérieux Club Zéro.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Comme dans son film Little Joe en Sélection officielle à Cannes en 2019, Jessica Hausner présente là dans son film Club Zero, la particularité et le don de nous plonger rapidement dans une ambiance d’une tension extrême et énigmatique soutenue par une musique inquiétante – parfois terrifiante –, par un style glacial qui se ressent même dans le mobilier et surtout par le jeu subtil de l’enseignante Miss Novak, froide et douce à souhait : Mia Wasikowska parfaite dans le rôle.
Tout commence pourtant bien dans ce cours de nutrition où des élèves d’une école huppée apprennent avec cette enseignante à manger en pleine conscience. Mais ces adolescents, dont les esprits sont pris en otage, vont subrepticement être entraînés vers une expérience plus perfide et plus radicale voire même sectaire, tandis que leur enseignante, telle un gourou, les incite à ne plus manger du tout au risque d’un malaise pour un élève qui pourtant, avec un groupe restreint, poursuivra l’expérience.
Mettant en garde contre l’endoctrinement que personne, même ici les parents des élèves, ne peuvent contrecarrer Jessica Hausner une fois de plus provoque et choque .


Club Zéro ou l’enfer pavé de bonnes intentions…
Miss Novak (Mia Wasikowska, habitée par son rôle), est enseignante en « alimentation consciente » dans un lycée privé huppé. La question est : où sont les limites ? D’apparence lisse, d’autant plus dangereuse que convaincue de son projet mortifère, elle va insidieusement manipuler son petit groupe d’élèves. Partant de motivations a priori vertueuses (ne pas sur-consommer, ménager la planète, prendre soin de son corps...) elle va chercher à les détacher de leur entourage, et à rejeter les choix dits imposés par les parents et la société, usant de séduction et de flatterie pour étendre son emprise. Le vers est dans le fruit.
Certes les responsabilités sont partagées : la Directrice (magnifiquement interprétée par Sidse Babett Knudsen, négligente sur le contenu de l’enseignement et les investigations), le Conseil des parents qui ne veut pas se désavouer, la crédulité de certains.
Les décors sont épurés et froids, adaptés au propos ; la musique ajoute au malaise ambiant.
Un thriller psychologique efficace, dans lequel Jessica Haussner nous interpelle sur la fragilité des adolescents, ainsi que sur la nécessaire vigilance des adultes pour prévenir les dérives. Une palme d’or en puissance ?


La caméra clinique de Jessica Hausner, qui n’est pourtant pas faite pour créer de l’émotion, touche profondément par le sentiment d’impuissance qu’il génère. Il n’y a en effet rien à faire quand la victime d’une emprise sectaire est majeure. Dans le film, ce sont de jeunes adolescents. Aurait-on pu faire quelque chose pour autant ? Pas sûr. La vraie question est : pourquoi ça fonctionne ? Pourquoi des jeunes se laissent embrigader de la sorte ? Un spécialiste des sectes m’a répondu à l’époque que s’ils veulent attraper quelqu’un, ils y arrivent. Ici la prof joue sur le besoin universel des jeunes de s’opposer aux adultes. En plus, c’est facile : la critique de la société de consommation est un classique, la nourriture plus saine et la préservation de l’environnement sont en vogue – ce qui est une bonne chose en soi, mais peut être facilement dévoyé quand cette attitude se fait missionnaire et rejoint le rêve ancestral de pureté qui est toujours un leurre (cf. l’excellent livre de Bernard-Henri Lévy, La pureté dangereuse).
Des images glaciales pour glacer le sang.