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Banel & Adama

Compétition Officielle
Banel & Adama

Nationalité : France, Sénégal, Mali
Genre : Drame
Durée : 1h 27min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Ramata-Toulaye Sy
Acteurs principaux : Khady Mane, Mamadou Diallo, Binta Racine Sy

Banel et Adama s’aiment. Ils vivent dans un village éloigné au Nord du Sénégal. Du monde, ils ne connaissent que ça, en dehors, rien n’existe. Mais l’amour absolu qui les unit va se heurter aux conventions de la communauté. Car là où ils vivent, il n’y a pas de place pour les passions, et encore moins pour le chaos.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ramata-Toulaye Sy est l’une des deux réalisatrices femmes et la deuxième cinéaste sénégalaise invitée en compétition officielle au Festival de Cannes.
Dès les premiers instants, les couleurs vives de la nature et des vêtements frappent par leur intensité, une chemise jaune vif, des tissus orange, l’eau bleue de la rivière. Débutant par un conte qu’Adama relate à Banel, sa femme, sur l’histoire d’un ancêtre qui parlait aux sirènes vivant sous la surface de l’eau, et, comme dans un conte, les deux protagonistes s’aiment d’un amour fou et rêvent de vivre leur vie en dehors du village marqué par les traditions. Malgré le caractère indomptable, déterminé et rebelle de Banel, rien ne se réalisera suivant leur désir. A mesure que l’histoire avance, les couleurs perdent de leur luminosité et sont remplacées par des nuances de gris, de brun et de lumière blanche, alors que le manque de pluie et la sécheresse tuent le bétail, puis les hommes. C’est une histoire entre modernité et tradition chez les Peuls du Fouta.


Banel et Adama, Adama et Banel ; les deux amoureux écrivent leur noms à foison et ne peuvent pas se passer l’un de l’autre. Pourtant leur bonheur n’est pas sans nuages. Au cœur du village africain où ils résident, deux volontés s’affrontent : celle de la famille et de la tradition, et la leur, éprise d’indépendance et de liberté. Symbole de cette amour pur et dur comme le roc, les deux tours englouties qu’ils font émerger du sable de l’oubli, telles deux sentinelles qui résistent à tous les affronts des Hommes et de la Terre.
Banel e Adama est le premier film de la réalisatrice franco-sénégalaise Ramata-Toulaye Sy. Elle y brosse le portrait d’une femme qui veut être elle-même et porte ainsi un message universel. L’Afrique se décline dans des camaïeux de jaunes, d’ocres ou de bleus. Les images sont d’une beauté esthétique recherchée où sentiments et environnement se mêlent. La fragilité de ce qui est beau en ce monde, l’amour et la nature, fait écho aux éléments qui se déchaînent contre Banel et Adama. Le doux visage effrayé de Banel face à la tempête reflète comme une fin du monde redoutée.


Au travers d’images sublimes très picturales, Ramata-Toulaye Sy nous amène dans un petit village sénégalais où deux jeunes s’aiment d’un amour sincère.
« J’aime comme une femme peut aimer » s’exclame Banel et cette phrase résume à elle seule cette relation qui passera par tous les états. La réalisatrice les filme divinement bien et les magnifie notamment dans un plan serré sur leurs deux mains amoureusement posées l’une sur l’autre.
Cette romance exacerbée excelle également dans des paysages colorés et volontairement très saturés. Ramata-Toulaye Sy nous dépeint un conte parsemé d’amour et de responsabilités dans un village qui commence à les étouffer. Ils se prennent à rêver à un avenir meilleur dans des petites maisons à l’écart des traditions ancestrales.
Avec de magnifiques plans fixes sur le soleil et des images où les comédiens font des câlins aux arbres, la connexion amoureuse s’exalte encore plus dans cette communion à la nature et à la terre.
Les éléments se déchaînent justement dans une apothéose majestueuse et pour le plus grand plaisir de nos yeux.