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Triangle of Sadness

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Compétition Officielle
Triangle of sadness

Nationalité : Suède France Grande-Bretagne U.S.A. Grèce
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h30
Date de sortie : 21 mai 2022
Réalisateur : Ruben Östlund
Acteurs principaux : Harris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Woody Harrelson, Zlatko Buric, Iris Berben

Après la Fashion Week, Carl et Yaya, couple de mannequins et influenceurs, sont invités sur un yacht pour une croisière de luxe. Tandis que l’équipage est aux petits soins avec les vacanciers, le capitaine refuse de sortir de sa cabine alors que le fameux dîner de gala approche. Les événements prennent une tournure inattendue et les rapports de force s’inversent lorsqu’une tempête se lève et met en danger le confort des passagers.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Triangle of sadness pourrait constituer une belle illustration de la dialectique du maître et de l’esclave chère au philosophe Hegel. Nous sommes chez les ultra-riches, un monde superficiel peuplé de personnages oisifs et passifs en croisière avec des employés aux petits soins. Mais les rapports de domination vont bientôt s’inverser suite à l’avarie et au naufrage du luxueux yacht sur lequel se trouve tout ce beau monde. La tempête vient gâcher le repas du commandant et entraîne des overdoses de champagne et de caviar. Des litres de vomis jaillissent de tous les gosiers et finissent par faire déborder les toilettes.
Le film du réalisateur suédois Ruben Öslund est une farce mais au-delà de certaines scènes grotesques et délibérément exagérées, c’est une véritable satire sociale qui montre comment l’argent corrompt tout, même l’amour. Si dans un premier temps le destin se venge et punit les milliardaires par là où ils ont péché, l’ordre des choses bien établi auparavant finit par reprendre ses droits. A la fin tout redevient comme avant, ou presque. Car les nouveaux riches ne sont pas prêts à laisser tomber leurs privilèges si difficilement acquis dans l’adversité.


Une première partie sur les thèmes de l’argent et des stéréotypes de genre, avec un humour corrosif sur le monde de la mode et de la publicité. Dans la deuxième partie, sur un yacht de luxe, le comportement des passagers ultra-riches, puis le dîner du commandant en pleine tempête sont l’occasion pour Östlund de dénoncer la dictature de l’argent-roi, et de renvoyer dos à dos capitalisme et socialisme (échanges avinés entre le commandant américain et l’oligarque russe). Dans la dernière partie enfin, au sein des rescapés du naufrage, les rapports de force s’inversent et quand la dictature du prolétariat s’instaure (Abigail, ex-responsable des toilettes à bord), les apparences n’ont plus court et la sauvagerie surgit. Une satire décapante de nos sociétés de spectacle et de consommation, obsédées par l’argent et les apparences.
R. Östlund s’en donne à coeur joie dans la provocation. On peut regretter toutefois la complaisance dans des scènes gore (dîner du commandant qui dégénère). Le film présente néanmoins de grandes qualités artistiques et un rythme soutenu.