Primary Menu

Mediterranean Fever

Un certain regard
Mediterranean Fever

Nationalité : Palestine Allemagne France Chypre Qatar
Genre : Drame
Durée : -
Date de sortie : 2022
Réalisateur : Maha Haj
Acteurs principaux : Amer Hlehel, Ashraf Farah, Anat Hadid, Samir Elias, Cynthia Saleem

Waleed, 40 ans, vit à Haïfa avec sa femme et ses enfants et rêve d’une carrière d’écrivain tout en souffrant de dépression chronique. Il noue une relation étroite avec son voisin, un petit escroc, qui a un plan en tête.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Avec beaucoup d’humour, parfois sombre, parfois souriant, ce film emmène le spectateur au fil d’un scénario astucieux et rebondissant. Les fausses pistes effleurent des styles de cinéma différents, pour aboutir au thriller.
La fièvre du titre est à peine présente. Sans doute est-il plutôt question d’évoquer la tristesse transmise de père en fils dans les familles arabes vivant en Israël. Les deux personnages composent chacun à leur manière avec le destin de la Palestine. La lumière inonde les images, éclairage doré de l’automne dans un pays où il pourrait faire bon vivre, chaleur d’une amitié inattendue.
Méditation sur la dépression, ce film aborde la politique sans avoir l’air d’y toucher. La réalisatrice a dédié la projection à Shireen Abu Akleh, journaliste américano-palestinienne tuée à Jénine le 11 mai 2022.


Amitié, fraternité, solidarité. Jusqu’où peuvent aller ces deux hommes, arabes, vivant à Haïfa et que tout oppose ? L’un, écrivain érudit et raffiné, l’autre manœuvre à la commande et proche de la pègre locale. Ils ont toutefois en commun deux épouses qui alimentent le foyer. Ils se retrouvent donc dans la journée et se livrent à leurs occupations favorites. Pour l’un la dépression, pour l’autre l’affrontement avec les malfrats.
L’autre question posée par eux est : « qui est le plus lâche ? celui qui fuit dans la vie ou celui qui choisit de se donner la mort… »
Le scénariste a l’imagination débordante. Alors l’on visite la ville : la lumière y est magnifique, la mer aussi, et la vie y paraît douce. Pourtant les deux compères achoppent sur la politique, la langue : parler hébreu ou arabe ? Mais leur relation évolue et l’on se surprend à suivre avec attention ces personnages à l’avenir incertain.


La fièvre méditerranéenne familiale (FMF) est une pathologie génétiquement transmissible qui ne touche que les gens du pourtour méditerranéen. Maha Haj (qui avait réalisé le très réussi Personal affaires en 2016) joue sur cette métaphore et aussi sur la relation ambiguë et vaguement toxique qui lie les deux voisins, Waleed l’écrivain dépressif et Jalal, le jovial et truculent petit truand, pour évoquer le destin de la Palestine.
Mais c’est aussi et surtout un thriller au rythme impeccable, dont le scénario parfait nous tient en haleine tout au long de ce film tendu. La mise en scène est rigoureuse, les deux acteurs principaux formidables (Amer Hlelel pour Waleed et Ashraf Farah, Jalal), et les paysages mélancoliques et magnifiques d’Haïfa (dont la population est composée pour un tiers de Palestiniens) scandent heureusement ce film d’action… et de réflexion.