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Goutte d’or

Semaine de la Critique
Goutte d'or

Nationalité : France
Genre : Drame
Durée : -
Date de sortie : 2022
Réalisateur : Clément Cogitore
Acteurs principaux : Karim Leklou, Yilin Yang

Ramsès, trente-cinq ans, tient un cabinet de voyance à la Goutte d’or à Paris. Habile manipulateur et un peu poète sur les bords, il a mis sur pied un solide commerce de la consolation. L’arrivée d’enfants venus des rues de Tanger, aussi dangereux qu’insaisissables, vient perturber l’équilibre de son commerce et de tout le quartier. Jusqu’au jour où Ramsès va avoir une réelle vision.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La ’Goutte d’or’ renvoie bien sûr au quartier entre Barbès et la Chapelle où se déroule le récit, mais aussi à un talisman que Ramsès le protagoniste porte à son cou : car la magie est une composante forte de ce film. Une magie qui sourd d’une population aux racines exotiques, très diverses, et qui y cherche un palliatif à une dureté de l’existence commune à presque tous les personnages ; Ramsès lui-même est un voyant qui fait parler les morts, et en vit bien.

Sensation principale dans ce spectacle, le chaos : chantiers abandonnés, immeubles en démolition mais habités, rues anarchiques, foules désordonnées, bandes de gamin indomptés surgissant par les toits... ; les lumières artificielles multiplient les ombres, la bande son est lancinante et répétitive. Le langage pratiqué, argotisé et plein de variantes selon qui le profère, étant surtout à base d’arabe, les voix sont souvent sous-titrées en français. Un chaos cultivé du scénario jusqu’au montage, et d’où émerge une humanité inconfortable mais tonique, tout entière en quête de survie.


Film noir qui se déroule dans le XVIIIe arrondissement de Paris, au cœur des voyants et des voyous. Le générique nous donne déjà le ton en plaçant le spectateur dans l’étrange – avec la vision d’un chantier de nuit comparable à un ballet de lumière et de sons étranges. Fantastique, mysticisme, crimes, violences, trafics… se logent dans ce film. Le réalisateur nous révèle une fois de plus son sens de la composition, un magnifique jeu de lumière et d’ombre.
« Je suis un voleur, un menteur. Je suis comme lui. Je ne suis pas un enfant du royaume mais du vent et de la nuit » : cette phrase prononcée par le héros positionne le plus exactement possible le film.