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Corsage

Un certain regard
Corsage

Nationalité : Autriche Allemagne France Luxembourg Hongrie
Genre : Drame Historique
Durée : -
Date de sortie : 2022
Réalisateur : Marie Kreutzer
Acteurs principaux : Vicky Krieps, Colin Morgan (II), Finnegan Oldfield, Tamás Lengyel, Aaron Friesz

Noël 1877, Élisabeth d’Autriche (Sissi), fête son 40e anniversaire. Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Etouffée par ces conventions, avide de savoir et de vie, Élisabeth se rebelle de plus en plus contre cette image.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Vie réelle et vie fantasmée : c’est ce mélange auquel nous avons accès grâce à la fabrication de l’image. Et voilà le ’cinéma’ : des situations, vécues ou pas, qui nous sont données à voir et à interpréter, ou pas.
Et ce n’est jamais aussi vrai que lorsqu’il s’agit d’aborder un personnage de légende – à préférer au mythe. Parce que nous n’avons pas affaire à un biopic, les libertés peuvent choquer l’historien puriste (cf. quelques anachronismes...), mais elles permettent aussi de mieux cerner la complexité d’une femme à l’aube de la quarantaine, confrontée à la notion de beauté (minceur/anorexie) et de célébrité (aristocrate/rebelle).
Elisabeth d’Autriche : Sissi.
Elle était brillante, fantasque, étrange et fascinante. Sa camériste (vrai ou faux) l’a fort bien résumé : « en son for intérieur c’est comme s’il s’agissait d’un musée mal rangé ».
Que de dons sacrifiés. Personne n’a pu l’aider et il lui a fallu rentrer dans le rang, au prix de terribles souffrances.
Et à notre époque, ne sommes-nous pas encore aujourd’hui ’corsetées’ par des diktats ?


La vie de l’impératrice Elisabeth à la cour d’Autriche qui ne se satisfait pas du tout de son rôle de représentation, n’est pas une nouveauté au cinéma ! Mais ici, rien du conte de fée... c’est le fantasque de cette femme qui s’astreint pourtant à des régimes draconiens pour ne pas vieillir et garder l’image d’une belle princesse. Et peut-être pour soutenir cette vie du ’paraître’, rien n’est vraiment beau. Les châteaux mériteraient un bon coup de pinceau, l’empereur est chauve et mal rasé, l’impératrice a les traits tirés... et les gros plans sur les visages sont pourtant nombreux. Quelques grands mouvements de caméras donnent une belle ampleur et nous aident à sortir de la charge du quotidien. Les dialogues entre Elisabeth et ses enfants sont un rappel à l’ordre du rang à tenir... mais c’est la mère qui se comporte comme une enfant capricieuse... Le corsage à serrer toujours plus martèle les exigences de l’étiquette.
La question du paraître va peut-être se poser autrement à l’heure de l’invention de l’image animée ?