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Hytti n°6

Compartiment n°6 / Compartment n°6
Compétition Officielle
Hytti n°6

Nationalité : Finlande Russie Estonie Allemagne
Genre : Drame
Durée : 1h47
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Juho Kuosmanen
Acteurs principaux : Yuriy Borisov, Seidi Haarla, Dinara Drukarova, Galina Petrova

Une jeune finlandaise prend un train à Moscou pour se rendre sur un site archéologique en mer arctique. Elle est contrainte de partager son compartiment avec un inconnu. Cette cohabitation et d’improbables rencontres vont peu à peu rapprocher ces deux êtres que tout oppose.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Bienvenue en climat froid. Au départ le personnage central c’est elle : Laura, étudiante archéologue finlandaise qui, malgré le désistement de son amie, décide d’entreprendre ce voyage seule en train de Moscou à Moursmank pour découvrir les fameuses pétroglyphes anciennes. En principe en train on ne peut pas descendre, à moins de profiter d’un arrêt en gare pour s’aérer ou fumer. Son covoiturier Ljoha est un jeune ouvrier russe taciturne, rustre, grossier... et se retrouve dans l’univers de la jeune fille contraint et forcé. Leurs premiers échanges méfiants et virulents nous glacent autant que la tempête et la neige dehors. Leurs gros manteaux les protègent tant du froid que des coups éventuels. Mais justement face au climat froid, le compartiment est le lieu où l’on se réfugie. Au rythme des flocons de neige les voix se détendent, les regards s’ adoucissent, les sourires apparaissent et les questions ouvrent le territoire de chacun et éclairent leur histoire. D’autres voyageurs passent et eux restent. Il est possible qu’ils aient plus qu’ils ne pensent à s’offrir. Surtout dans cette région retirée et austère où il est utile de s’épauler. On finit par oublier le froid du dehors. Ce film est aussi l’occasion de revisiter ce train mythique, cet espace-temps entre compartiment et wagon-restaurant, et ces régions parmi les plus retirées et les plus froides de Russie.


Voyage Voyage ! Entendre cette ritournelle des années 80, si française, pour – de temps à autre – illustrer les déplacements d’une finlandaise, voilà qui ne manque pas de sel. Un sel que l’on retrouvera dans les mines de l’Oural. Mais avant d’en arriver là, que d’aventures... On suit avec attention les déplacements et les désillusions de l’héroïne qui, de rencontres en rencontres nous offre une panoplie d’émotions remarquablement interprétées.
Gros plans obligent puisque la moitié du film se déroule dans un train : là, le compartiment partagé avec un autochtone, puis les échanges avec une responsable administrative et enfin les visages du peuple moscovite.
Archéologue à la recherche de gravures millénaires, elle peine à atteindre ce lieu-dit nimbé d’une lumière blanchâtre (il neige) et s’attarde finalement davantage aux personnages qu’elle est amenée à côtoyer. Une sorte de voyage initiatique que n’aurait pas renié notre chanteuse française.


Adapté du roman de la finlandaise Rosa Liksom (Gallimard 2013), voici le deuxième long-métrage de Juho Kuosmanen dont nous avions aimé le premier, sorti en 2016 Le plus beau jour de la vie d’Olli Mäki.
Unité de temps, unité de lieu : tout se passe (ou presque) durant le trajet en train de Moscou à Mourmansk. Laura, une jeune Finlandaise étudiante en archéologie qui rêve d’aller voir les fameux pétroglyphes de Mourmansk, se retrouve dans le même compartiment que Ljoha, un jeune mineur, dont les propos et l’allure de brute alcoolisée la terrifient au départ. Une rencontre improbable entre deux êtres que tout sépare, décrite avec subtilité par le réalisateur et magnifiée par le jeu formidable des deux comédiens : la finlandaise Seidi Haarla (qui jouait déjà dans Olli Mäki) dont la composition dans ce film mériterait un prix d’interprétation, et le russe Yuriy Borisov qui joue également dans La Grippe des Petrov de Kirill Serebrennikov. Finalement ce film est l’illustration d’une citation qui fait l’objet d’une discussion entre intellos au tout début du film : « Only parts of us will ever touch parts of others – one’s own truth is just that really – ONE’S own truth. » De qui est-ce ? Je vous le donne en mille... Marilyn Monroe !