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Little joe

Compétition Officielle
Little Joe

Nationalité : Autriche Allemagne Grande-Bretagne
Genre : Science fiction Drame
Durée : 1h40
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Jessica Hausner
Acteurs principaux : Emily Beecham, Ben Whishaw, Kit Connor, Kerry Fox, Leanne Best

Alice créé une nouvelle plante en faisant des croisements et la nomme "Little Joe", surnom qu’elle donne à son jeune fils. Mais soudain, toutes les personnes qui entrent en contact avec les plantations échangent leur corps...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Quel dommage que Little Joe ne soit pas allé au bout de ses ambitions... Le second long métrage de la réalisatrice reprenait pourtant des thèmes qui lui sont chers comme la solitude humaine, la difficulté de communiquer dans nos sociétés contemporaines ou encore les déséquilibres et oppositions que l’on peut trouver autour de nous (parents/enfants, nature/science, capitalisme/humanisme). De plus, le pitch sortait du lot par son originalité, annonçant un thriller psychologique flirtant avec la science-fiction et dénonçant des problématiques écologiques très actuelles. Cependant le scénario penche trop d’un seul côté pour vraiment créer une tension, les jolies idées de mise en scène sont souvent timides et la direction d’acteurs peine parfois à être vraiment juste. Seules la photographie et la bande-son (quoiqu’assez « particulière ») tiennent toutes leurs promesses. Un film donc, qui avait le potentiel pour aller loin... mais on reste un peu sur sa faim malheureusement.


Visuellement très réussie, l’invention de la fleur transgénique "Little Joe" donne au film de Jessica Hausner, par la magie du numérique fractalisé, des images éblouissantes de pousses identiques mais toutes singulières, dont la carnation parfaite évolue, au fil du récit, de charmante en inquiétante, puis menaçante, puis terrifiante.

Dans le décor d’enfermement où évoluent les personnages, cages et colonnes de verre d’une serre géante ou couloirs aveugles et bureaux à ordinateurs, le défi cinématographique est de faire percevoir autrement que par des mots la transformation qui s’exerce dans la psyché des protagonistes : ils deviennent imperméables à tout ce qui ne va pas dans le sens de l’obsession dont ils sont devenus victimes. On pourra y trouver une illustration des craintes autour du génie génétique, mais le syndrome de ’blocage idéologique’ à l’œuvre dans Little Joe nous renvoie à des maux angoissants de notre temps, du sectarisme au djihadisme ou à la complaisance narcissique des réseaux sociaux.


Alice aux pays des merveilleuses fleurs transgéniques nous entraîne dans un monde inquiétant. Phytogénéticienne, elle doute comme tout bon scientifique et s’interroge sur les conséquences néfastes que la manipulation génétique de la fleur Little Joe peut avoir sur la santé comportementale des êtres vivants : en effet, le docile chien de Bella, sa collègue, devient agressif ; Joe, le fils d’Alice, entre bien trop rapidement dans sa crise d’adolescence et son collaborateur Chris semble la harceler plus que normalement de son amour incompris.
Tandis que l’ambiance intense et tendue nous tient dans une haleine hitchcockienne, la musique électronique atone du japonais Teiji Ito pénètre profondément nos consciences ainsi que celle de notre froide et précise protagoniste, Alice.
Un vrai sujet d’éthique et d’actualité sur les Organismes Génétiquement Modifiés que la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner traite avec brio tout en amenant le spectateur à l’effet de distanciation maîtrisée.