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Litigante

Litigante

Nationalité : Colombie France
Genre : Drame
Durée : 1h35
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Franco Lolli (II)
Acteurs principaux : Carolina Sanin, Leticia Gómez, Antonio Martínez, Vladimir Durán, Alejandra Sarria

À Bogota, Silvia, mère célibataire et avocate, est mise en cause dans un scandale de corruption. Leticia, sa mère, est gravement malade. Tandis qu’elle doit se confronter à son inéluctable disparition, Sylvia se lance dans une histoire d’amour, la première depuis des années.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Litigante s’ouvre sur le pénible vacarme d’un tube d’IRM où Leticia, atteinte d’un grave cancer, subit l’une des étapes d’un épuisant marathon thérapeutique. Ce sera le ton du film : la réalité dans sa dureté, déclinée sur plusieurs registres parallèles et imbriqués. Silvia, la fille aînée, s’efforce de convaincre sa mère de poursuivre les traitements. L’affrontement entre leurs deux volontés farouches se déroule sur fond d’une affection réciproque mise à dure épreuve ; l’exigence morale de Silvia, qu’elle réclame aussi de ses proches, et son sens de la responsabilité poussé à l’extrême, la conduisent à de multiples sacrifices, mais sa force de résilience la fait rebondir d’une crise à l’autre.

Ce film courageux traite sans fioritures d’un morceau de vie ordinaire mais difficile, et réussit à nous accrocher à travers une galerie de personnages bien construits autour d’un duo mère-fille très fort. Cerise sur le gâteau, cela se passe à Bogota, Colombie, sans que soient évoquées les tartes à la crème des dangers de la ville, la drogue ni les mafias... excusez-moi pour l’avoir fait quand même !


Après Gente de bien, Franco Lolli présente en ouverture de la Semaine de la Critique un récit plus autobiographique, plus intime. Très marqué par le cancer de sa propre mère, il confie à celle-ci le rôle de Letitia qui, contrairement à la rémission dont elle a pu bénéficier dans la vraie vie, va succomber dans le film à une rechute. Ses deux filles l’entourent, mais l’amour familial intense évident s’exprime essentiellement par des disputes incessantes. Difficile pour Silvia de trouver le juste chemin pour réorganiser sa vie entre un fils qui demande à rencontrer son père, un procès qui la met en cause et un amour naissant qui lui fait peur. Autobiographique donc jusqu’à un certain point, puisque on vit l’histoire du deuil à venir à partir de la perspective de Silvia. Elle est « litigante », avocate, celle qui plaide : pour la vérité au tribunal, pour des soins appropriés face à sa mère – et les disputes en famille ne sont-elles pas également des plaidoyers pour affirmer chacun son point de vue - pour une prise en compte du désir de son fils face au père biologique de celui-ci… Mais pour elle-même, son droit au bonheur et à l’amour, c’est un autre qui plaide. N’est-ce pas cela le rôle de l’amour : plaider pour l’autre pour lui assurer une place au bonheur ?