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Portrait de la jeune fille en feu

Compétition Officielle
Le portrait de la jeune fille en feu

Nationalité : France
Genre : Drame Historique
Durée : 1h59
Date de sortie : 2018
Réalisateur : Céline Sciamma
Acteurs principaux : Noémie Merlant, Adèle Haenel, Luàna Bajrami, Valeria Golino

1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le film débute sur un cours de peinture qui se poursuit par une entrée dans un tableau. Véritable mise en abyme picturale et par la même occasion du cinéma, nous partons en voyage vers la mer. Céline Sciamma met en scène deux personnages féminins qui entretiennent dans un premier temps une relation purement professionnelle qui bascule progressivement vers de la tendresse grandissante. Jeux de regards et gestes pratiquement chorégraphiés sont divinement mis en place dans une ambiance certes très lente mais prenante. Parfois fruit de son imagination, Marianne se pare d’une belle robe blanche et apparaît en rêve, dans certaines séquences. La scène des chants traditionnels est d’une beauté sublimissime de mise en scène qui m’a même donné des frissons. Parfaite métaphore de la légende d’Orphée et d’Eurydice, la réalisation nous a donné à voir un joli conte dans lequel évoluent deux actrices qui mériteraient un double prix d’interprétation.


Un film sensuel sur la quête de liberté de deux, voire trois femmes. Quoi de commun entre une aristocrate, une peintre et une domestique ? Elles sont femmes et à ce titre n’ont pas le choix de leur destin. L’une doit se marier alors qu’elle ne connaît pas son futur époux ; la deuxième, relativement plus libre, n’a pourtant pas le droit de peindre des hommes et doit respecter les codes de la peinture académique au lieu de suivre son élan artistique ; la troisième est enceinte et à l’époque l’avortement n’était pas légal. Les images sont sublimes : la peau rose à la lumière de la bougie en gros plan, la mer sauvage dans le vent, promesse de liberté, le feu dans la cheminée dans des lieux qu’on ressent froids, la peinture qui naît en même temps que des sentiments. Mon seul regret est que, comme dans d’autres films, l’émancipation de la femme semble être intimement liée à l’amour lesbien. Ce sont tout de même deux choses indépendantes l’une de l’autre.