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Bull

Un certain regard
Bull

Nationalité : U.S.A.
Genre : Drame
Durée : 1h45
Date de sortie : 2019
Réalisateur : Annie Silverstein
Acteurs principaux : Yolonda Ross, Rob Morgan (IV), Troy Anthony Young

Dans un quartier défavorisé situé à l’ouest de Houston, les rapports tumultueux entre une adolescente paumée et torero vieillissant.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Plongeant dans l’univers des rodéos de l’Amérique profonde, Bull est un film en demi-teinte qui souffre d’une seconde partie peu concluante. Pourtant le premier long métrage de la réalisatrice avait des arguments à défendre ; une mise en scène tout en subtilité, un rythme assez lent pour immerger le spectateur dans la routine quotidienne des personnages, une belle photographie, etc. La relation entre les deux protagonistes a le mérite d’être touchante sans aller dans le pathos malgré le contexte social. Dommage néanmoins que le film tombe à la fin dans des facilités de scénario relativement prévisibles et qu’il ne parvienne pas à conclure les arcs narratifs de ses personnages pour vraiment s’imposer comme un bon film américain indépendant. Dans le même style et présentant des thèmes similaires, nous vous conseillons The Florida Project de Sean S. Baker paru en 2017.


Plongée au cœur de l’Amérique profonde texane, dans un film écrit et filmé avec délicatesse. Kris, jeune blanche de milieu défavorisé - sa mère est en prison - se laisse aller sur des voies peu recommandables. Abe, torero noir sur le déclin ne peut lâcher prise sur la passion de sa vie.
Les deux acteurs principaux sont remarquables - Rob Morgan n’en est pas à son premier film -, le montage fluide, on se remplit les yeux de lumières nocturnes magnifiques, de scènes de rodéo, un peu trop peut-être... ce serait une critique possible.
Le scénario nous confronte à de multiples sujets : de la délinquance à l’incidence de la prison sur la vie de famille, de la fragilité de l’adolescence à ce qui fait entrer dans l’âge adulte, de la force de la passion à la difficulté qu’il peut y avoir à lâcher prise lorsque cela s’impose, comment la réparation et le pardon peuvent fonder un avenir… et peut-être aussi comment le hasard peut faire basculer les choses.
Pour son premier long métrage Annie Silverstein se révèle être un grand talent, peut-être dans les pas de Clint Eastwood ?


Un regard tendre et sensible sur un monde qui ne l’est pas. Est-ce l’œil féminin d’une réalisatrice rompue aux documentaires qui fait que le film évite tous les clichés pour raconter cette histoire simple et donc infiniment complexe ? En tout cas le rapprochement entre les deux caractères principaux, Crystal, la jeune blanche apprentie-délinquante et Abe, le vieux noir démuni et un peu fou, mais intègre et sage, est infiniment émouvant. La rédemption serait-elle donc possible ? Peut-être, en apprenant à dompter la nature sauvage de l’humain, tellement plus dangereuse que celle des taureaux qui ne font que se cambrer, violemment mais inutilement, avant de réintégrer leur box par le savoir-faire des cow-boys. Abe apprend à Crys que le taureau, au moment d’attaquer, ferme les yeux. Il suffit alors de poser sa main sur son front pour qu’il croit qu’il a gagné et abandonne le combat. Si seulement cela pouvait fonctionner avec les humains !