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Atlantique

Compétition Officielle
Atlantique

Nationalité : France Sénégal Belgique
Genre : Drame
Durée : 1h44
Date de sortie : 2017
Réalisateur : Mati Diop
Acteurs principaux : Mame Bineta Sane, Mbow, Traore, Nicole Sougou, Aminata Kane

Dans une banlieue populaire de Dakar, les ouvriers du chantier d’une tour futuriste, sans salaire depuis des mois, décident de quitter le pays par l’océan pour un avenir meilleur. Parmi eux se trouve Souleiman, l’amant d’Ada, promise à un autre.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Un maigre troupeau bovin erre parmi dans la poussière et le béton de la banlieue : timide écho du magique Touki Bouki de Djibril Diop Mambéty (1974), oncle de la réalisatrice. Mais Atlantique de Mati Diop, riche d’idées et d’images, souffre d’un scénario qui peine à maîtriser sa complexité, et l’intérêt ne sait trop à quoi s’accrocher.

Des vues obsédantes de l’Océan, moyen d’évasion immédiate par les plaisirs de la plage, et définitive par l’émigration peut-être mortelle, servent de fil rouge au récit ; en contrepoint, la Tour gratte-ciel symbolise l’oppression et la corruption. A l’histoire d’amour d’Ada et Souleimane se mèlent le social, conflit entre travailleurs non payés et employeur absentéiste, l’obscurantisme, mariage imposé que sanctionne la musique discordante du cortège nuptial, et le fantastique des mystérieux événements attribuables à l’au-delà.

Pour Ada, les flashes des boîtes de nuit sont l’alternative aux contraintes sociales de l’islam... Mais si aucun des personnages ne sait où va sa vie ni ne contrôle son destin, elle a confiance : "Les souvenirs sont des prémonitions".


Mati Diop réalise ici son premier long métrage, après plusieurs courts et moyens métrages remarqués. En toile de fond des images urbaines belles et contrastées, la mer filmée de mille manières parlantes.
Le drame se noue autour du départ en mer de l’aimé (Souleimane) pour l’Espagne et du mariage forcée de l’aimée (Ada). La tension monte ainsi pendant une bonne heure dans une ambiance d’abord onirique, ensuite policière puis progressivement fantastique.
Mama Sané est sublime de bout en bout dans le rôle d’Ada.
Le scénario dessine le cri de la réalisatrice sur la condition des femmes au Sénégal, un appel à leur liberté et à la révolte douce ; c’est aussi un cri sur la pauvreté, le mépris des responsables pour leurs employés qui entraîne l’émigration au risque de la vie.
Déception pour le dénouement, simpliste et difficile à interpréter. La vogue surréaliste est décidément prisée cette année… Mais avertis de cela, le film mérite incontestablement d’être vu.


Mati Diop a fait ici un film profondément africain. Le sujet est simple : une fille aime un garçon mais, sous la pression de sa famille, elle doit en épouser un autre. Autour de cette intrigue, on voit vivre tout le peuple sénégalais avec ses côtés positifs et négatifs. La joie de vivre, la musique, l’amitié, l’amour, la beauté des jeunes corps, mais aussi la misère et la corruption. La religion musulmane est très présente mais à la mode africaine c’est-à-dire largement animiste. Ainsi, l’imam pour chasser les djinns du corps d’une jeune fille lui fait boire une décoction dans laquelle ont trempé des versets du Coran ! Un homme d’affaires riche, mais qui ne paye pas ses ouvriers, se pavane dans sa belle villa mais a une peur bleue des fantômes. L’Atlantique, quant à lui, est toujours présent, magnifique au soleil couchant mais mortel pour les hommes qui partent en pirogue pour l’Espagne. Tout cela est foisonnant, plein de rires et de larmes mais toujours vivant et sincère.