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Mon tissu préféré

Un certain regard
Mon tissu préféré

Nationalité : France Allemagne Turquie
Genre : Drame
Durée : 1h36
Date de sortie : 2018
Réalisateur : Gaya Jiji
Acteurs principaux : Manal Issa, Ula Tabari, Souraya Baghdadi, Metin Akdülger, Wissam Fares

Damas, mars 2011. Nahla est une jeune femme célibataire qui mène une vie morne dans une banlieue syrienne, aux côtés de sa mère et ses deux sœurs. Le jour où on lui présente Samir, un expatrié Syrien en provenance des États-Unis à la recherche d’une épouse, elle rêve d’une vie meilleure.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le tissu dont il est question ici est celui dont sont faits les rêves, rêves qui tissent nos vies de fils invisibles. Et de notre fidélité à ces rêves. - Qu’en serait-il arrivé des rêves de Joseph s’il avait couché avec la femme de Potiphar ? - Et quand il nous est donné de les voir, c’est à travers un miroir sans tain qui nous cache autant qu’il nous révèle.
La guerre omniprésente rend bien des rêves impossibles et ce qui part en fumée sous l’impact des bombes, ce ne sont pas que des maisons. Surtout quand on est une fille et que le seul espoir est un mariage arrangé qui s’impose comme le discours de ’paix’ de Bachar el-Assad. Ou ne s’impose pas, justement.


Nahla étouffe, dans le taxi, à son travail, comme dans le logement exigu qu’elle partage avec sa famille. Elle rêve d’évasion et d’amour et est irrésistiblement attirée par Madame Jiji qui tient une maison de passe. L’exilé syrien venu chercher une compagne au pays semble ne lui offrir qu’une vie ennuyeuse et, devant son indocilité, lui préfère alors sa cadette.
C’est un film de femmes où les figures masculines ne brillent pas : le jeune fils tout-puissant de Madame Jiji, le client militaire qui réclame le récit de Joseph et ses frères pour pouvoir jouir, un prince charmant qui ne l’est pas. L’aspiration des filles à la liberté s’exprime à travers la plus jeune sœur de Nahla, garçon manqué pleine de fougue. Le film aborde -au début d’un conflit dont on entend les slogans rageurs- le mariage forcé, la prostitution, le destin des filles en Syrie. Nahla quant à elle veut seulement pouvoir décider de sa vie.