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Capharnaüm

Compétition officielle
Capharnaüm

Nationalité : Liban
Genre : Drame
Durée : 2h
Date de sortie : 2018
Réalisateur : Nadine Labaki
Acteurs principaux : Nadine Labaki, Zain Alrafeea, Yordanos Shifera

À l’intérieur d’un tribunal, ZAIN, un garçon de 12 ans est présenté devant le JUGE.
LE JUGE : « Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? »
ZAIN : « Pour m’avoir donné la vie. »


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Nadine Lakaki nous avait déjà enchantés avec ’Caramel’ puis ’Et maintenant on va où ?’, mention spéciale du Jury œcuménique en 2011, parabole sur la paix possible entre communautés grâce au courage des femmes. Elle nous bouleverse de nouveau avec ’Capharnaüm’, tourné dans les bidonvilles, les prisons et les rues de Beyrouth.
Elle retrouve l’un de ses thèmes de prédilection, la condition féminine, à travers le destin de Sahar mise au monde et mariée de force à onze ans pour rapporter de l’argent à sa famille. Mais elle l’élargit aux droits des enfants entre maltraitance affective, misère et délinquance.
Le film est porté par son extraordinaire interprète de douze ans, Zaïn, frère protecteur de Sahar, puis frère d’adoption d’un bébé. Ils deviennent pour nous le visage des sans droits, des sans-papiers et des réfugiés. Une fraternité et une solidarité que l’on n’est pas près d’oublier.


Plus qu’un témoignage aux miséreux de Beyrouth, le nouveau film de Nadine Labaki leur rend un visage, une voix qu’on n’est pas prêt d’oublier. Loin de l’humour de Et maintenant on va où ?, il pose un regard documentaire sur des clandestins, sans papiers, incarnés par les gens qui vivent des situations similaires. Ils sont livrés à tous les mercis, s’exploitant les uns les autres, y compris leurs propres enfants, pour gagner un répit dans leur misère. Depuis la prison – à 12 ans ! - Zain attaque en justice ses parents pour l’avoir mis au monde. Il dit en somme au juge que des gens qui sont incapables d’élever leurs enfants ne devraient pas en avoir. Ce qui est extraordinaire c’est la force de caractère et d’empathie de Zain. Malgré son passé – et son présent - il s’occupe tant qu’il peut du bébé âgé d’un an d’une sans papier éthiopienne. On se demande comment il a pu accéder à cette grandeur d’âme. Et c’est peut-être cela la plus grande force du film et l’espoir qu’il dégage, envers en malgré tout.


"C’est Beyrouth !" Et ici c’est plus que cela puisque nous sommes dans ses bas-fonds, le port. S’y côtoient des immigrés, des exclus de la société qui survivent en exploitant la misère de leurs compagnons d’infortune. Qui recherche à se nourrir et boire, qui se laver, qui des papiers pour partir et quitter un lieu censé n’être que de passage. Pourtant ils seront souvent emprisonnés, sauf à rester dans la rue.
La cohabitation entre les parents (maltraitants ou absents), les enfants et les adultes malveillants s’avère source de scènes douloureuses. Toutefois les enfants -grâce à Zaïn- développeront entre eux une solidarité qui éclaire ce long métrage. L’agressivité règne certes, mais la transmission des savoirs opère, ainsi que l’attachement.
Message : appel à la solidarité !