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Western

Un certain regard
Western

Pays : Allemand, Bulgare, Autrichien
Genre : Drame
Durée :
Date de sortie :
Réalisateur : Valeska Grisebach
Acteurs principaux : Meinhard Neumann, Reinhardt Wetrek, Waldemar Zang

Un groupe de travailleurs allemands débute un travail difficile de construction sur un site de la campagne bulgare. Cette terre étrangère éveille le sens de l’aventure de ces hommes, confrontés à leurs préjugés et à la méfiance des locaux à cause de la barrière de la langue et des différences culturelles. Les hommes vont alors tout faire pour tenter de gagner la confiance des habitants.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Le sujet est original : les travailleurs étrangers sont ici des ouvriers allemands engagés dans la construction d’un barrage dans une région reculée de Bulgarie. Ce sont des baroudeurs qui ont traîné leurs guêtres aux quatre coins du monde. Là, plantent le drapeau allemand sur leur campement et se considèrent un peu en terrain conquis. Entre eux et les habitants du village voisin, qui n’ont oublié ni l’occupation allemande, ni la période communiste, l’atmosphère devient vite tendue. Et pourtant, un des allemands, Meinhard, un ancien légionnaire, va préférer la compagnie des villageois à celle de ses brutes de collègues et va chercher à créer des liens avec eux malgré la barrière de la langue.
Le film est une chronique assez lente et réaliste de petits évènements. Sa réussite vient d’une part, de la tension qu’il instaure entre les deux communautés qui fait craindre à chaque instant le dérapage et le drame, d’autre part, du message de fraternité qu’il porte avec l’amitié qui se noue entre Meinhard et certains villageois.


Une histoire de mecs filmée par une femme, cela donne une saveur particulière. La réalisatrice était fascinée durant sa jeunesse par des westerns et s’identifiait aux héros masculins. Elle signe ici le portrait d’un homme solitaire et mélancolique à souhait, sensible et fort à la fois comme il se doit pour un cowboy. Un cheval est également de la partie, mais il meurt dans un accident. C’est le symbole même du cowboy qui est mort dans cette histoire où la quête ne conduit pas vers l’Ouest, mais vers l’Est.

Les aventuriers sont des ouvriers allemands d’un chantier au fin fond de la campagne bulgare. Leurs accents conquérants et machistes doivent affronter la méfiance des habitants encore marqués par le souvenir de la dernière guerre mondiale. Le drapeau allemand fièrement accroché au campement est subtilisé par les villageois et finit dans le fleuve où il part à vau-l’eau.

C’est avec beaucoup de finesse que la réalisatrice explore la xénophobie ordinaire et les poussées de testostérone des uns et des autres, mais aussi leur solitude infinie. La loi du plus fort, plusieurs fois affirmée haut et fort, est pourtant battue en brèche par des élans de solidarité et d’amitiés. La fin reste ouverte comme pour laisser une chance à l’avenir.


Des ouvriers allemands travaillent au chantier d’un barrage en Bulgarie.
De la guerre de l’or à la guerre de l’eau, nous vivons un western des temps modernes, dans un monde d’hommes où se jouent les luttes de pouvoir, de jeux, de rivalités, d’argent et de femmes. Le personnage principal, Meinhard, un des ouvriers allemands, homme sans racine, sans famille, sans maison, s’approche courageusement du village. La caméra accompagne la lente et discrète intégration, au fil des discussions, des jeux de cartes, du tressage du tabac, des amitiés nouées.
A tout moment la menace est présente et le coup peut tomber. Nous restons sur la fragilité des liens, sur cette difficulté à s’intégrer et à accepter les différences.
"Qu’est ce que tu cherches ici ?"