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Nahid

Un certain regard
Nahid

Nationalité : Iranien
Genre : Drame, Romance
Durée : 1h45
Date de sortie : Décembre 2015
Réalisateur : Ida Panahandeh
Acteurs principaux : Sareh Bayat, Pejman Bazeghi, Navid Mohammadzadeh

Nahid, jeune divorcée, vit seule avec son fils de 10 ans dans une petite ville au bord de la mer Caspienne. Selon la tradition iranienne, la garde de l’enfant revient au père mais ce dernier a accepté de la céder à son ex femme à condition qu’elle ne se remarie pas. La rencontre de Nahid avec un nouvel homme qui l’aime passionnément et veut l’épouser va bouleverser sa vie de femme et de mère.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La réalisatrice iranienne Ida Panahandeh nous offre avec Nahid un beau portrait de femme, tout en nuances. Nahid est une victime mais elle a aussi ses faiblesses et sa part de responsabilité dans ce qui lui arrive, et c’est ce mélange qui fait la richesse du film.
En divorçant, Nahid a rompu avec sa propre famille qui ne comprend pas sa volonté d’indépendance. Elle se trouve donc dans une situation très fragile qui la force à vivre d’expédients, empruntant à droite et à gauche et prenant l’habitude de mentir à tous.
Quand elle s’éprend d’un homme sérieux et riche avec lequel elle pourrait refaire sa vie, elle se trouve face à l’engagement qu’elle avait pris, pour avoir la garde de son fils, de ne pas se remarier. Placée devant ce choix impossible entre son fils et son amant, elle ne sait où aller et ses décisions impulsives et ses mensonges embrouillent encore un peu plus une situation compliquée. Un film subtil, qui dénonce mais sans manichéisme.


Comment vivre pleinement quand on est une femme en Iran aujourd’hui ? La situation de Nahid est compliquée : divorcée d’un ancien drogué, elle est viscéralement attachée à son fils et renonce à tout pour le garder avec elle. Récit en partie autobiographique réalisé par une femme, on pouvait craindre un parti pris résolument féministe. Il n’en est rien. Si l’on perçoit à l’âpreté du ton combien Ida Panahandeh est au côté de son héroïne, elle en dresse un portrait sans fard : cassante, menteuse, parfois frivole, criant plus que parlant à son fils. La tradition (mariages arrangés, mariages temporaires) et la pauvreté étouffent ces gens. La contrainte pèse tout particulièrement sur les femmes, à la fois victimes et complices du système. Une caméra de surveillance en est un symbole parlant. Nahid se bat à sa façon. Mais, encore une fois, comment s’épanouir quand le seul espace de liberté est une mer grise et froide, une plage battue par les vents où Nahid et l’homme qui l’aime laissent en marchant de dérisoires "traces de pingouins" ?