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Les Anarchistes

Semaine de la Critique
Les anarchistes

Nationalité : Français
Genre : Drame
Durée : 1h41
Réalisateur : Elie Wajeman
Acteurs principaux : Tahar Rahim, Adèle Exarchopoulos, Swann Arlaud

Paris 1899. Le brigadier Jean Albertini, pauvre et orphelin, est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Pour lui, c’est l’occasion de monter en grade. Mais, obligé de composer sans relâche, Jean est de plus en plus divisé. D’un côté, il livre les rapports de police à Gaspard, son supérieur, de l’autre, il développe pour le groupe des sentiments de plus en plus profonds.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Qu’ils devraient être émouvants, ces petits anars fin XIX° siècle ! Joli film en costumes, qui met en scène des jeunes gens passionnés, enfants de la grande bourgeoisie ou du prolétariat se cotoyant fraternellement dans la haine du bourgeois et l’amour de l’aventure. Leur facile infiltration par un jeune policier qui séduira le leader et sa compagne - et certes l’amateurisme dont ils font preuve dans ce domaine comme dans les autres a quelque chose d’historique, les infiltrations réussies ayant été sans nombre - forme le moteur du suspense : jusqu’où trahira-t-il ses soi-disant camarades, amis, amie ? Mais il manquait à ce tableau-récit, ai-je trouvé, la dose minimum de réalisme et de crédibilité pour que l’empathie s’installe à l’égard des personnages et des situations qu’ils vivent : je suis resté dehors.


Quel beau portrait d’une époque qui a façonné notre modernité. Issus des communards, ces anarchistes individualistes sont prêts à se battre pour la liberté, la vraie, celle de pouvoir lire et penser par soi-même pour échapper à l’humiliation de l’homme par l’homme. Filmées souvent en cadre serré, les images rappellent les portraits de l’époque et mettent en valeur les personnages qui forment cette communauté composite mais unie, malgré leurs différences. Les uns sont prêts à se battre, d’autres préféreraient des voies plus pacifiques d’une organisation syndicale. Ils ont la haine, souvent, certes, mais ce qui prédomine, c’est l’amour. Histoires d’amour entre eux, accessoirement, mais surtout un profond souci du sujet humain qu’ils voient abîmé par les conditions socio-économiques. Alors le jeune policier chargé de les infiltrer est rapidement écartelé entre son devoir professionnel et sa conscience qui s’éveille. Et devinez de quel côté viendra la trahison ?