Nationalité : Français
Genre : Drame
Durée : 1h33min
Date de sortie : 19 Mai 2015
Réalisateur : Stéphane Brizé
Acteurs principaux : Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck
À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
18 mai 2015
Rien que par son titre, le film de Stéphane Brizé s’inscrit dans la veine de l’ hyperréalisme d’un monde dans lequel tout est imposé. La mise en scène est volontairement sobre, laissant ainsi la place aux expressions des êtres qui entourent le personnage principal, Vincent Lindon est pathétique. On le sait content du travail accompli. Les comédiens illustrent parfaitement leurs personnages, et les faits exposés, si douloureux soient-ils, sont réels.
Inexorablement, les institutions broient ceux qui sont contraints d’en dépendre. La dureté des employeurs fait le reste. Comment secouer ce carcan ? Faire face à cette imbécillité qui donne lieu à quelques répliques qui nous font rire...jaune ? Peut-être fuir, effectivement, mais pour aller vers où et avec qui ? La solitude des travailleurs précaires, de surcroît parfois déclassés, est incommensurable. Dans ce cadre quelle signification peut retrouver le mot liberté ?
22 mai 2015
Vincent Lindon, tout en sobriété, incarne un chômeur de longue durée, père d’un adolescent handicapé. Il cherche du travail désespérément, surtout pour payer des soins à son fils. Face au discours de ses interlocuteurs rompus à la langue de bois, il se révolte, cherche à comprendre, se résigne. On pense aux Douze travaux d’Astérix. Il finit par accepter cet emploi de vigile dans un supermarché où il faut non seulement intercepter des voleurs, mais aussi « fliquer » les employés. Un regard quasi clinique sur le harcèlement moral « ordinaire » qui sévit dans notre société, soumise à la loi du marché, loi totalitaire car elle régit tous les aspects de notre vie. La force du film réside dans le fait que Vincent Lindon évolue dans un milieu de non-professionnels qui jouent leurs propres rôles sur leur propre lieu de travail, d’où un côté documentaire qui donne une authenticité et une épaisseur oppressante au film.