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Kishibe no tabi (Vers l’autre rive)

Un certain regard
Kishibe no tabi

Nationalité : Japonais
Genre : Romance , Drame
Durée : 2h08
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Kiyoshi Kurosawa
Acteurs principaux : Tadanobu Asano, Eri Fukatsu

Au cœur du Japon, Yusuke convie sa compagne Mizuki à un périple à travers les villages et les rizières. A la rencontre de ceux qu’il a croisés sur sa route depuis ces trois dernières années, depuis ce moment où il s’est noyé en mer, depuis ce jour où il est mort. Pourquoi être revenu ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce qui était ne peut plus être. Yusuke est mort noyé dramatiquement. Mizuki sa femme ne peut pas l’oublier, il est présent partout au quotidien. Quand Yusuke réapparaît un jour, c’est pour inviter Mizuki à partager son voyage "vers l’autre rive" et le laisser partir à jamais. Ils explorent alors ensemble le passé où la mort a frappé ceux que Yusuke a côtoyé. Deuil, remords, culpabilité, pardon sont les sujets de ce film dense et complexe.

Lorsque Mizuki explore le passé de son mari et assiste comme une spectatrice impuissante à l’irréversible, les scènes de réalité et de fiction alternent pour mieux faire comprendre au spectateur la difficulté du travail de deuil.


L’auteur de Tokyo Sonata et de Kaïro est de retour avec un nouveau film de fantômes, lumineux et serein. Après l’exécution laborieuse par une petite fille de quelques notes de piano discordantes, Mizuki voit surgir dans son salon l’apparition d’un fantôme, celui de de son mari Yusuke mort 3 ans auparavant, disparu en mer, mais qui va pourtant l’entraîner dans un voyage consistant à rendre visite à toutes les personnes qui lui ont rendu service durant sa disparition. Dès lors commence un étrange itinéraire où réalité, hallucination et imaginaire sont étroitement intriqués, somptueusement éclairé par une lumière changeante et accompagné de ruptures sonores, dans des lieux et avec des relations entre les personnages qui sont comme le reflet du paysage subconscient de Mizuki. Le déploiement en road movie romantique de cet entre deux mondes des vivants et des morts rend plus que jamais sensible et chatoyants, dans l’œuvre de Kurosawa, les thèmes de la perte et du deuil.


La jeune femme seule chez elle s’aperçoit de la présence de son époux disparu depuis trois ans ; mais il confirme : il est bien mort, comme elle le croyait. Les cent prières shinto qu’elle avait calligraphiées - "Quelle sale écriture tu as !" - ont-elles été exaucées ?

Ils vont circuler ensemble à travers les lieux où il avait été accueilli pendant son ’absence’ - et partout on le revoit avec plaisir : habile, serviable, utile. Ces gens qu’ils rencontrent : "Sont-ils comme toi, ou comme moi ? " C’est selon. Il y en a de partout, en fait. On verra le trou d’ombre sous la cascade, par où l’on passe... Et il faudra se re-séparer.

Seul moyen de reconnaître les uns des autres, les souvenirs de qui les a connus avant... Une façon de dire que c’est par la mémoire des vivants qu’est entretenue l’existence des défunts ?