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El abrazo de la serpiente

Quinzaine des Réalisateurs
El Abrazo de la serpiente

Nationalité : Colombie
Genre : Drame
Durée : 2h05
Réalisateur : Ciro Guerra
Acteurs principaux : Nilbio Torres, Antonio Bolívar, Yauenkü Miguee

Karamakate, chaman amazonien, le dernier survivant de son peuple, vit isolé dans les profondeurs de la jungle. Il est devenu un chullachaqui, la coquille vide d’un homme, privée d’émotions et de souvenirs. Sa vie bascule lorsqu’Evan, un ethnobotaniste américain, débarque dans sa tanière à la recherche de la yakruna, une mystérieuse plante hallucinogène capable d’apprendre à rêver. Karamakate se joint à sa quête et ils entreprennent un voyage au cœur de la jungle.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce magnifique film, tourné d’après les carnets de voyage d’un ethnologue, témoigne des derniers vestiges de civilisations englouties par celle qui se veut la seule et unique. La dénonciation de la dérive de la mission catholique en secte mortifère est particulièrement poignante. Deux époques se superposent, celle de Theo, en quête d’une plante légendaire, capable de le guérir, et celle d’Evan qui suit ses traces une génération plus tard, soi-disant en quête de la même plante, mais en fait à la recherche de caoutchouc. Au cours du voyage initiatique, Evan sera guéri de cette quête vaine pour découvrir sa vraie mission, celle de transmettre les derniers bribes du savoir traditionnel. Un plan marque la transition : le bateau de Theo avance vers la droite, un long travelling sur le méandre du fleuve vers la gauche aboutit au bateau d’Evan qui suit la même direction, nous faisant presque oublier qu’une génération s’est écoulée, tant le temps se perd entre un passé oublié et un futur aboli.


Surprise : immersion dans l’enfer vert en noir et blanc ! Dans cet univers trois hommes sont en recherche : un chaman, un ethnologue et un botaniste. Un indien tisse la médiation entre les cultures indienne et occidentale. Deux cultures, deux époques et un fleuve permettant de passer d’une rive à l’autre. Construit à partir de récits de voyage authentiques, ce film relate la destruction de tribus amazoniennes au profit de l’exploitation de l’hévéa. Leur culture disparait avec leur colonisation et l’évangélisation forcée. La splendeur des prises de vue, la subtilité de la lumière invitent le spectateur à monter dans la pirogue avec les personnages, à regarder, écouter. Il s’agit de se libérer de tout bagage superflu pour s’engager dans une véritable quête du Graal à la recherche de la yakruna, plante qui guérit et réapprend à rêver. Riche en symbolique, le film est un hymne à la création. Au spectateur de recevoir cet enseignement et devenir le garant de ces mémoires presque perdues.