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An

Un certain regard
An

Nationalité : Japonais , français
Genre : Drame
Durée : 1h53
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Naomi Kawase
Acteurs principaux : Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida

Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaise qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Il faut parler avec respect aux haricots rouges pendant qu’ils mijotent pour faire le "An", sorte de confiture qui garnira les "dorayakis", ces petits gâteaux traditionnels japonais : voilà la recette que donne Tokue, une vieille japonaise aux mains déformées mais au regard malicieux, qui veut se faire embaucher chez Sentaro, le gérant d’une minuscule boutique qui vend ces gâteaux, Hymne à la nature, communion avec les plantes et les animaux, on retrouve les thèmes chers à Naomi Kawase, Mais il s’y ajoute ici une réflexion sur la dureté avec laquelle la société japonaise traite ceux qui sont différents : la vieille dame lépreuse, le gérant endetté, et une adolescente en rupture avec sa famille forment trois générations de réprouvés. Si la fin, un peu trop mélodramatique, n’est qu’à moitié convaincante, la première partie est magnifique, les images étonnantes des cerisiers en fleurs ou des fameux haricots faisant contrepoint aux propos poétiques de Tokue.


AN est le nom d’une pâte confite destinée à la fabrication de pancakes japonais.
Au delà de cette histoire de recette, c’est avant tout la rencontre de 2 êtres en souffrance que la réalisatrice aborde ici. Marginalisés par la société (Tokue est atteinte de la lèpre et Santaro a fait de la prison), ils retrouvent ensemble un sens à donner à leur vie. Tokue joue le rôle de mère de substitution pour Santaro et voit en lui l’enfant qu’elle a perdu. De même Santaro se nourrit de l’apprentissage de Tokue et grâce à elle fait le deuil de sa propre mère. Leur regard en dit long sur leur souffrance. La nature omniprésente dans le film : le bruit du vent, les cerisiers en fleurs, les arbres,nous rappellent que l’univers est un cadeau dont il faut apprécier chaque jour la beauté. Au travers du secret de fabrication de la pâte livré par Tokue à Santaro, c’est le thème de la transmission qui est abordé.
Beaucoup d’émotion et de douceur dans ce film sublime.


L’ouverture de la session « Un certain regard » présidée par une Isabella Rosselini rayonnante, faisant allusion au cinéma « du passé, du présent et du futur » afin de rendre hommage à sa maman présente sur l’affiche, augure une sélection riche, d’émotions en général c’est certain et, pour cette septième participation au festival de Cannes de Naomi Kawase, un ton juste, comme à l’accoutumée ainsi qu’une photographie exceptionnelle : ah ! Les cerisiers japonais en fleurs. Mais au-delà des belles images se nouent des relations improbables entre des individus qui, différents les uns des autres, s’épauleront en quelque sorte. Nous repartons donc avec un viatique positif.Citons la réalisatrice : « j’espère que, à la fin, cette projection vous permettra de réfléchir au sens du bonheur pour chacun d’entre nous » ! Que rajouter ? Que son film est une leçon de vie, même pour ceux (fait-elle dire à son interprète principale) qui n’ont pas réussi leur vie.


Dans ce film la réalisatrice reste fidèle à son style, fait de l’usage de la litote et de la pudeur dans l’expression des sentiments, dans une mise scène qui cherche à mettre ses personnages en harmonie avec le milieu dans lequel ils baignent et la Nature. Ici le sujet est mince mais les moyens cinématographiques mis en oeuvre sont immenses. L’héroïne, Tokue, est une délicieuse et déchirante vieille dame de 76 ans dont on découvrira tardivement le secret, et qui se fait embaucher pour l’aider par Sentaro, un modeste fabricant de friandises dans les yeux duquel elle a perçu une grande douleur. Tous deux ont en effet en partage une vie de solitude derrière eux et les images montrent l’irrésistible progression de leur complicité et leur amitié qui en résulte.La philosophie du film est résumée dans une des belles pensées de Tokue : "Nous sommes nés pour regarder et pour écouter le monde".