Primary Menu

Winter sleep

Sélection officielle
Winter Sleep

Nationalité : Turc
Genre : Drame
Durée : 3h16min
Date de sortie : 13 août 2014
Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan
Acteurs principaux : Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbağ

Aydin, comédien à la retraite, tient un petit hôtel en Anatolie centrale avec sa jeune épouse Nihal, dont il s’est éloigné sentimentalement, et sa sœur Necla qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements...


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

En Anatolie centrale, Ceylan nous introduit dans l’univers ouaté de neige de ses paysages photographiques de prédilection, univers tchekhovien où chaque personnage secondaire du film est aussi complexe, profond et désespéré que chacun des trois protagonistes : un riche propriétaire terrien cultivé, ancien acteur qui n’arrive pas à se mettre à écrire une histoire du théâtre turc ; sa jeune femme, anxieuse de secouer le joug subtil de sa dépendance conjugale ; sa sœur, inconsolable de son récent divorce à Istambul. De fascinants dialogues littérairement très travaillés nous transportent aux confins de la morale et de l’art de vivre –culminant avec une scène quasi platonicienne de douce ébriété philosophique-, scandés par des silences et parfois baignés une sublime musique de piano en demi-teintes de Brahms. Seul un très haut degré de civilisation peut engendrer une œuvre aussi raffinée que celle de Ceylan, dont l’universalité égale celle de De Oliveira ou d’Angelopoulos et qui appartient déjà à l’histoire du cinéma.


Monumental, dans le bon sens du terme. Le décor est splendide, un haut plateau steppique et rocheux ou l’hiver pèse de plus en plus lourdement. Là vivent des riches, intelligents, brillants, et dans les environs mais loin de leur confort, des autres, pour qui tout se complique et rien ne marche. Entre les deux, l’intendant, rouage indispensable au riche.

Dans ce microcosme, quelques événements déclenchent une série de dialogues entre ces gens : le maître, sa soeur, sa femme, l’intendant, le locataire fauché, l’imam son frère - dialogues qui se prolongent de façon inhabituelle au cinéma, mais passionnante pour en suivre les méandres qui dévoilent les personnages. Confrontations dont les sujets, en clair ou par défaut, seront la dignité et le respect, la domination et la charité, les apparences et la réalité, l’amour aussi, et surtout être soi-même. Aucune leçon n’est présentée, mais la recherche par ces personnages de leur vérité est à la fois spectacle fascinant et matériau à multiples facettes pour notre propre réflexion. Je pensais à un grand roman russe - il parait qu’au contraire l’inspiration vient de brèves pièces de Tchékhov.