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The Tribe

The Tribe

Nationalité : Ukrainien , néerlandais
Genre : Drame
Durée : 2h12min
Date de sortie : 3 septembre 2014
Réalisateur : Myroslav Slaboshpytskiy
Acteurs principaux : Grigoriy Fesenko, Yana Novikova, Rosa Babiy

Sergey, sourd et muet, entre dans un internat spécialisé et doit subir les rites de la bande qui fait régner son ordre, trafics et prostitution, dans l’école. Il parvient à en gravir les échelons mais tombe amoureux de la jeune Anna, membre de cette tribu, qui vend son corps pour survivre et quitter l’Ukraine. Sergey devra briser les lois de cette hiérarchie sans pitié.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Tout d’abord, on salue le bel effort. Face à ce film de sourds, dans lequel les interprètes ne s’expriment que par signes, sans voix off ni sous-titres, le spectateur se trouve dans l’instructive situation du handicapé non-comprenant assistant à la vie de gens qui, eux, communiquent les uns avec les autres. Bien que le contenu des échanges reste essentiellement mystérieux, le sens général de l’histoire est perceptible, et l’on prend conscience de multiples difficultés dans la vie des non-entendants (ne pas entendre le recul d’un camion peut être mortel) et dans l’usage du langage des signes : comment fait-on pour crier ? Pour attirer l’attention, pour signaler sa présence ? En résultent de constantes gesticulations, souvent violentes, auxquelles ne nous préparent pas les quelques minutes de LSF (langage des signes français) qui accompagnent parfois notre journal télévisé.

A ce thème vient s’agréger la peinture sinistre et envahissante que fait le réalisateur du triste état de la société ukrainienne, pauvre, laide et mafieuse, dans laquelle baignent ces jeunes gens. Violence omniprésente, prostitution banalisée, crapulerie et corruption, indifférence a autrui sont dépeints avec une frontalité complaisante et une telle absence de perspectives que le message annoncé par l’équipe du film - une oeuvre au service de la communauté des sourds - disparaît sous des couches de répulsion et d’ennui.


Ils ont déjà la dégaine des grands – grands mafieux je veux dire. Racket, vol, prostitution, ils font feu de tout bois. Quand un nouveau arrive, il doit faire ses preuves pour entrer dans la bande. Il doit prouver qu’il sait donner des coups : il sait. On lui confie rapidement des responsabilités. Mais tout dérape quand il s’amourache d’une des filles destinées à être ‘exportées’ en Italie.

L’univers est glauque dans ce pensionnat, les relations humaines aussi.
Comme tout se passe dans le monde des sourds-muets, les dialogues sont en langue des signes – si bien que le spectateur moyen n’y comprend rien. Aucun sous-titrage, aucune parole humaine, aucune musique, seulement les bruits diégétiques : ceux des pas, ceux des coups, ceux des pleurs. Pas besoin des paroles pour comprendre.

La caméra reste à une distance telle qu’on a une vision d’ensemble de ce qui se passe et que toute empathie est impossible. L’histoire est filmée en long plans-séquence qui ne nous épargnent rien. Les scènes de sexe sont froides et sales comme le sol du garage où ça se passe. Un avortement sans anesthésie sur une planche dans la salle de bain d’une faiseuse d’ange sinistre est à la limite du supportable. La scène finale montre en temps réel comme le jeune monte quatre étages, entre dans les dortoirs et écrase l’un après l’autre ceux qui ont fait partir la fille, en leur assénant des coups sur la tête avec leurs tables de nuit respectives – bonne nuit !