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The Search

Sélection officielle
The Search

Nationalité : Français
Genre : Drame , Guerre
Durée :2h40min
Date de sortie :26 Novembre 2014
Réalisateur : Michel Hazanavicius
Acteurs principaux :Bérénice Bejo, Annette Bening, Nika Kipshizde

Quatre destins que la guerre va amener à se croiser. Entre 1999 et 2000, lors du conflit opposant les Russes et les Tchétchènes, Carole, infirmière et membre d’une Organisation Non Gouvernementale, recueille un jeune enfant tchétchène. En parallèle, on suit l’histoire d’un jeune soldat russe.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Sur la lancée du succès de L’Artiste, le réalisateur tente à présent de nous émouvoir avec les souffrances du peuple tchétchène, à travers l’histoire de la recherche par sa grande sœur d’un petit garçon de 9 ans dont le village a été brûlé et les habitants, baptisés terroristes par les russes, massacrés. Une représentante de la Commission des Droits de l’Homme européenne, qui croise son errance, et parait sortie tout droit du 16ème arrondissement de Paris, semble s’intéresser à son sort malheureux de façon bien désinvolte. En contrepoint de ces images bien pensantes et peu convaincantes, c’est aussi à nous faire horreur que s’attache le cinéaste en étalant complaisamment ad nauseam le mépris humain et la caricaturale brutalité dont font preuve les forces russes pour « former » les très jeunes soldats contraints de s’engager. Devant un tel détournement de la misère de ce peuple indomptable à des fins de propagande dans des images conventionnelles d’ou la vie paraît absente, il ne nous reste qu’à regretter un bon documentaire sur le sujet ou à vibrer d’émotion à Maïdan, le film hors compétition de Serguei Loznitsa.


"Un pays où il ne faut pas être" : la Tchétchénie en 1999. Fred Zinnemann en 1948 dans « Les anges marqués », titre originel "La quête", racontait histoire d’un enfant recherché par sa mère rescapée des camps et recueilli par un G.I. ; alors pourquoi adapter ce long métrage en le transposant dans une autre contrée ? M. Hazanavicius fait répondre dans le film : "Afin que l’on n’oublie pas... qu’ils sachent que le monde ne les oublie pas. "

D’où ce film émouvant, mi documentaire mi fiction. Et Bérenice Béjo, en se battant pour sensibiliser l’O.N.U. fera-t-elle oublier Montgomery Clift ? Nous sommes transportés dans un monde où les gens sont acculés. Les uns embrigadés dans l’armée russe, -contraints de perdre, leur humanité dans les exactions-, n’expriment plus que le pire d’eux-mêmes. Les autres, chassés de leurs villages, isolés, apeurés voire terrorisés comme dans ce contrechamp montrant les enfants cachés dans un fossé pendant le passage des tanks, tentent de survivre grâce à la solidarité. Les images sont parfois insoutenables, et le ressenti passe beaucoup par les regards.

Avec un montage en parallèle, et un scénario qui mêle les différentes parties concernées par ce conflit (l’armée russe, les instances, les habitants), la même scène, vue de l’extérieur ou de l’intérieur, oblige à comprendre l’évolution des protagonistes. En extérieur, la lumière blanche, froide, se teinte de noir... et transforme les plans en gris, alors que les tchétchènes sont appelés "culs noirs" ! Même les couleurs deviennent sourdes.

Note rédigée avec la collaboration de Geneviève Roux et Jean-Michel Duband


Encore affublé d’un titre anglais (on est à Cannes), qui signifie quelque chose comme "La Recherche", on pourrait, au risque de faire un contresens, appeler ce film "La Quête". Car voici un récit qui est traversé par la quête de la famille, mais surtout de l’amour, de la justice, de la paix entre les êtres. Qu’est-ce que ce monde qui nous est montré : un monde plein de bruit et de fureur, une vallée de larmes, où règnent la folie de destruction et la haine de l’autre ? Mais cela nous le savons, nous le voyons tous les jours à la télé, dans les journaux : Syrie, Mali, Ukraine...

Dans ce film étonnant du réalisateur français, qui nous avait fait rire dans les OSS117 et épaté dans "The Artist", nous le découvrons dans un registre nouveau. Filmer la guerre de Tchétchénie (celle de 1999, oubliée maintenant des médias) avec un tel réalisme relève de la performance technique. L’odyssée du jeune Hadji à travers le pays dévasté, mutique et renfermé sur lui-même, semble guidé par un instinct de survie. Kolia, sa soeur et mère du bébé que Hadj sauve d’une mort certaine, veut retrouver son frère. Tout le travail humanitaire dans un centre international pour réfugiés nous est montré avec la volonté de ne pas en faire trop, sans pathos exagéré. Là des hommes et des femmes essayent de limiter la catastrophe humaine, et on voit au travers de l’expérience de Carole et d’Helen que les enjeux de leur mission sont contrecarrés par des politiques et des considérations diplomatiques très éloignées du souci quotidien d’abréger la souffrance humaine. Le contact direct et chaleureux que reçoit Hadj lui permet de revenir à la vie. Il n’y a pas de sensiblerie ni de sentimentalisme déplacé. Le message du film est simple : aimer malgré les ténèbres qui nous entourent, penser que le pire n’est jamais sûr.