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The Kindergarten Teacher

Semaine de la Critique
The Kindergarten Teacher

Nationalité : Israélien, français
Genre : Drame
Durée : 2h
Réalisateur : Nadav Lapid
Acteur principaux : Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz

Une institutrice décèle chez un enfant de 5 ans un don prodigieux pour la poésie. Subjuguée par ce petit garçon, elle décide de prendre soin de son talent, envers et contre tous.


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

C’est une relation curieuse entre cette institutrice d’école maternelle et ce jeune garçon, âgé de 5 ans, prodige de la poésie. Elle est en quête d’un supplément d’âme, dépitée par la médiocrité intellectuelle de son mari. Elle découvre la poésie sur le tard, puis se rend compte qu’un de ses élèves conçoit des poèmes en marchant, poèmes d’une grande beauté et force – du moins c’est comme ça qu’elle et le cercle des amis poètes les perçoivent. Quand tous les enfants font la sieste, elle le réveille pour partager avec lui des émotions, alors que lui demande : « je peux retourner à ma sieste ? »

Elle fait tout pour avoir l’exclusivité de sa confiance, elle se voit déjà en coach du messie, elle va jusqu’à le kidnapper pour le sauver du monde mauvais qui ne le comprend pas…

Mais quelle vision de la poésie est sous-jacente là ? Les poèmes lui viennent comme des envies de pisser. D’ailleurs, il ne les comprend pas lui-même. Il les récite comme un petit enfant en maternelle - qu’il est – récite des comptines apprises par cœur. On est proche là de la conception antique de la prophétie. C’est sans doute pour cela que Charles Tesson pose la question si l’enfant est vu ici comme Moïse sauvant son peuple de ce qu’il est devenu. Mais pour cela il faudrait qu’il soit sauvé des eaux, qu’il ait fui après le meurtre de son coreligionnaire, qu’il ait été poursuivi par Dieu dans le désert. Or, nous sommes devant un poupon, fils d’un père riche, sans aucune faille existentielle. La révélation, ou l’inspiration, ne passe pas ici par la chair de l’homme, elle lui reste extérieure. L’institutrice a fait un mauvais calcul : cette poésie-là ne saurait la sauver de son propre vide.