Nationalité : Espagnol
Genre : Drame
Durée : 1h43min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Jaime Rosales
Acteurs principaux : Ingrid García Jonsson, Carlos Rodríguez (II), Inma Nieto
Confrontés à la crise économique, Natalia et Carlos, deux jeunes amoureux espagnols, décident de tourner un film pornographique pour gagner de l’argent.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
19 mai 2014
C’est par antiphrase que Jaime Rosales a donné ce titre à son film. Natalia, il est vrai, est jolie comme un cœur, et avec son copain Carlos et leurs amis ils représentent bien la jeunesse espagnole d’aujourd’hui. Mais le film est consacré aux difficultés auxquelles se heurte cette jeunesse. Natalia a une mère autoritaire, toujours sur le dos de ses deux aînés. Alors qu’elle commence avec Carlos une vie de couple, et que tous deux ont joué une scène pornographique pour gagner six cents euros, elle tombe enceinte et choisit de garder l’enfant. A peine l’enfant est-il arrivé que tous deux, encore très jeunes, découvrent le difficile métier de parents, avec une petite fille qui passe des nuits entières à pleurer et crier. Cela nous vaut une très belle scène avec la mère, qui a vécu tout cela, et une belle réplique de Natalia : « cette petite fille m’est plus chère que tout au monde, et à certains moments je la hais de tout mon cœur ».
Il faut aussi pour vivre trouver du travail, et personne n’embauche en ce temps de crise. Natalia a une amie partie à Hambourg car en Allemagne on trouve du travail. Pour Carlos, apprendre l’allemand et partir au loin est trop dur. Alors Natalia confie le bébé à sa mère et s’en va seule ; elle trouve des petits boulots intérimaires, mais finalement, se trouve à nouveau embarquée dans un cycle porno. Décidément, belle jeunesse !
20 mai 2014
Ils sont beaux, certes, mais ce qui est beau dans cette jeunesse, ce sont surtout ses rêves, ses espoirs, mais ceux-ci se brisent sur la dure réalité. Ils sont jeunes, ils s’aiment, ils rêvent d’une belle maison et d’une belle voiture. Pour réaliser leur rêve ils s’essaient au porno, ça rapporte bien. Mais elle devient enceinte et leurs idées de grandeur sont ramenées au minimum vital : ils sont pauvres et il faut trouver de quoi nourrir cette bouche supplémentaire. Or, il n’y a pas de travail dans cet Espagne en pleine crise.
Ce qui surprend dans ce tableau social, c’est l’absence des hommes. Pas leur absence physique – ils sont là, ils sont gentils même – mais ils semblent incapables à assumer le rôle qu’une tradition millénaire leur a destiné, celui du père de famille qui prend en charge les siens. L’émancipation féminine a-t-elle mis en faillite le modèle masculin ?
A signaler un procédé original pour signifier les ellipses : le défilement plus ou moins rapide de sms et de « selfies », ces autoportraits pris par téléphone portable envoyés aux amis, permet de résumer en peu de temps des périodes de la vie des jeunes que le réalisateur a choisi de ne pas montrer.
Le film se termine par un « déshabille-toi » qu’un photographe, qu’on imagine ne pas travailler pour un magazine de mode, lance à Marie. Comme quoi, les fantasmes masculins restent toujours intacts.