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Nationalité : Français
Genre : Comédie dramatique
Durée : 2h56min
Date de sortie : 3 septembre 2014
Réalisateur : Djinn Carrenard
Acteurs principaux : Azu, Laurette Lalande, Maha

Laure est une hôtesse de l’air qui veut faire un enfant. Oussmane est un musicien qui veut devenir un artiste reconnu. Kahina est une détenue en permission pour Noël, qui veut revoir son fils. Ils vont se rencontrer, se rapprocher, se soutenir, s’affronter, dans la poursuite de leurs rêves. Et ensemble, ils vont tenter de répondre à cette question : Comment l’amour se construit-il ? Comment faire l’amour ?


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

La séance d’ouverture de la Semaine de la Critique nous a donné la chance de voir un film audacieux et d’une grande originalité dont la durée, 2h45, n’a été à aucun moment de sa projection ressentie comme un fardeau. Trois personnages, 2 jeunes femmes qui sont sœurs- Laure, hôtesse de l’air, et Kahina, détenue en permission de semaine- et le musicien Oussmane vont décliner une nouvelle version du classique trio amoureux plutôt inédite dans ses péripéties : les femmes ont la fibre maternelle, l’homme aspire à la célébrité. Leur appétit de vie et leur intransigeance – tout , tout de suite !- confronte leurs rêves aux contraintes de la réalité et pose la question centrale pour eux : comment faire l’amour dans toutes ses dimensions ? c’est à dire, au delà de la seule rencontre sexuelle devenue si souvent platement répétitive à l’écran, comment parcourir sans retenue le continent des sentiments que l’amour inspire. C’est le second opus de Djinn Carrénard, réalisateur haïtien de grand talent, qui illustre son besoin d’énergie « guérilla » pour tourner un film effectivement survolté, parfois à la limite de l’excès, mais dont l’énergie et la vitalité qui en émanent sont toniques et réjouissantes. A quelques fléchissements près, le tempo est constamment allègre et l’utilisation intermittente originale d’un découpage de l’écran à l’intérieur du cadre facilite une certaine prise de distance du spectateur.


Une histoire complexe entre trois personnages dont le destin se croise. Le point qui les unit est un lien particulier à un enfant, celui que Kahina a, mais ne peut pas voir, celui que Laure d’abord refuse, puis désire, celui qu’Oussmane, l’homme du triangle, se sent coupable d’avoir mal protégé.
Chacun projette sur l’autre ses propres angoisses, jusqu’à l’hystérie – hystérie qui semble d’ailleurs bien être à l’origine de la surdité soudaine d’Oussmane, compromettant sérieusement sa carrière de chanteur rap.
Lors de la présentation du film il était question du lien entre guerre et amour. Comme s’il fallait se battre pour aimer, ou aimer en se battant, et c’est ce que font les trois protagonistes sans arrêt : tout est prétexte à des échanges houleux, de véritables joutes d’agressivité verbale, quand ils n’arrivent pas carrément aux mains.
Mais si le film montre efficacement cet affrontement continuel, il en montre également l’inefficacité foncière. N’arrivant pas à être au clair de leurs véritables motivations, tous les trois sont incapables de construire un avenir cohérent. Celui-ci reste ouvert, ou plutôt fondamentalement incertain.