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Fantasia

Un certain regard
Fantasia

Nationalité : Chinois , français
Genre : Drame
Durée : 1h25min
Date de sortie : Prochainement
Réalisateur : Wang Chao
Acteurs principaux : Jérémie Elkaïm, Geng Han

Père a la leucémie. Mère est au chômage depuis longtemps. Elle emprunte de l’argent pour son mari partout. Grande sœur va travailler secrètement dans une boîte de nuit comme serveuse,et très vite devient prostituée. Lin est aliéné à l’école à cause de la maladie de son père. Il est dégoûté. Un jour,au bord de la rivière, il trouve un navire délabré et fait connaissance d’un père et d’une fille étrange. Lin devient ami avec la fille et les aide à voler des pierres de fer. À cause des absences de Lin, professeur va voir la mère. Il a de l’empathie envers elle. Un jour, Lin découvre son professeur chez lui, avec sa mère, ensemble. Lin va voir son père.I l ne peut pas s’empêcher de fantasmer une telle scène : il pince le tube de transfusion de son père. Lin retourne au bord de la rivière, le navire a disparu…


(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)

Ce film appartient à la catégorie que j’appelle « à retardement ». Contrairement à ceux que je nomme « court-circuit », que l’on voit avec plaisir mais qui ne laissent pas de souvenirs durables, les films à retardement produisent chez moi, pendant la projection, des réactions comme : « il faudrait couper là », ou : « bon, où est-ce qu’il veut en venir ? » mais qui agissent en moi après coup et de façon prolongée.

L’histoire en elle-même est assez simple : un père atteint de leucémie ; comme il n’y a pas de Sécurité Sociale, l’usine prend en charge les coûts très élevés du traitement, mais en temps de crise, alors qu’elle est obligée de licencier du personnel, demande à la famille d’en payer la moitié. Comment trouver l’argent ? Surtout quand il n’y a aucun espoir de guérison. La mère essaie d’emprunter auprès des uns et des autres, tandis que ses deux enfants, adolescents, s’essaient à des solutions moins honorables.

Mais ce qui est touchant, c’est la façon de filmer tout ça, par petites touches, sans jamais insister. Là où d’autres se complairaient dans le sordide, il y a ici une grande pudeur. La caméra ne s’approche jamais trop, elle respecte la fragile dignité des personnes, elle en capte la beauté même quand celles-ci évoluent dans un univers qui n’a rien de beau.

Les règles du capitalisme s’appliquent impitoyablement en régime communiste : quand l’usine est en difficulté, elle licencie. Mais au lieu de convoquer les candidats au licenciement dans le bureau d’un DRH, ce sont les haut-parleurs qui annoncent les noms des camarades, « glorieusement licenciés ». Malgré cette formulation abjecte, n’est-ce pas justement la force du film, de montrer la gloire de ces êtres, envers et malgré tout ?