Nationalité : Syrien
Genre : Documentaire
Durée : 1h32min
Réalisateurs : Ossama Mohammed, Wiam Simav Bedirxan
En Syrie, les Youtubeurs filment et meurent tous les jours. Tandis que d’autres tuent et filment. A Paris, je ne peux que filmer le ciel et monter ces images youtube, guidé par cet amour indéfectible de la Syrie. De cette tension entre ma distance, mon pays et la révolution est née une rencontre. Une jeune cinéaste Kurde de Homs m’a « Tchaté » : « Si ta caméra était ici à Homs que filmerais-tu ? »
Le film est l’histoire de ce partage.
(L'avis exprimé par les rédacteurs de cette rubrique est indépendant du travail et des choix du Jury oecuménique.)
18 mai 2014
Comme le film l’indique il s’agit de « mille et une voix » sur mille et un aspects du drame vécu par ce pays depuis trois ans. Malgré le côté très morcelé de ces lambeaux de films arrachés aux circonstances, le film touche, retient l’attention et est profondément émouvant.
Emouvante d’abord la présence dans la salle, à quelques rangs devant nous, de la réalisatrice venue de Homs, dont la voix accompagne une grande partie du film, qui a elle-même vécu intensément, en les ressentant dans sa chair, beaucoup des événements montrés par les petits films. Emouvant cet attachement, tout au long du film, à quelques grandes valeurs : un extraordinaire amour de leur pays, la Syrie tellement blessée ; un chant à la liberté, souvent repris dans les premières manifestations qui ont déclenché la répression ; et puis cet autre cri, si fortement entendu : « la mort, plutôt que l’humiliation ». Emouvants encore, quelques éclairs saisis sur le vif : un gamin plein de vie qui circule dans les rues, qui cueille quelques fleurs, qui sait où il y a un sniper et que là il faut courir ; des chats blessés qui se traînent à la recherche de nourriture, dont le regard terrifié en dit plus long que bien des images ; la naissance d’un bébé au milieu de la terreur.
Le film, qui reste à l’écart des enjeux politiques du conflit, ne prétend pas tout dire, mais, par un commentaire retenu et presque poétique, laisser entrevoir de manière déchirante ce qu’a de bouleversant pour les Syriens la situation de leur pays.
18 mai 2014
Est-ce concevable, un poème fait de cadavres d’enfants, de séances de torture, d’immeubles en feu dans des rues bombardées, d’un tout petit garçon courant pour échapper aux snipers ? Mais puisqu’il faut dire l’horreur de la guerre, l’infinité du mal que l’homme peut faire à l’homme, le mode d’expression n’est pas indifférent, et il ne s’agit pas ici d’art ou de beauté, mais du respect dû à la souffrance.
Eau Argentée (Simav) est le prénom de la jeune cinéaste kurde dont les images, captées dans l’enfer de Homs assiégée, sont venues rejoindre les atroces vues de smartphone que Ossama Mohammed avait recueillies et montées. Lorsque s’engage le dialogue à distance entre les deux co-réalisateurs, le documentaire dénonciateur gagne encore en force par la parole d’un témoignage vivant. Vivante, Simav était dans la salle, merci !